En cette fin d’année 2022, l’actualité du régime conventionnel de frais de santé des hôtels, cafés et restaurants (HCR) est décidément chargée : tandis qu’ils réfléchissent à la succession de Colonna comme gestionnaire du régime, Klesia et Malakoff Humanis, ses deux assureurs de référence, tentent une opération séduction auprès du secteur.
Les assureurs santé des HCR viennent, en l’occurrence, d’annoncer la mise en œuvre en taux d’appel réduit pour la cotisation au régime.
Une cotisation santé stable dans les HCR en 2023
La semaine dernière, le groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration, le GNI-HCR, deuxième organisation patronale de la branche en termes de représentativité (26,64 %), tenait son 7ème congrès national à Lyon. A cette occasion, les responsables du GNI – organisation qui comptait parmi les deux signataires du fameux accord frais de santé du 28 juin dernier, accord à la destinée malheureuse – entendaient bien revenir devant leurs troupes sur cette affaire complexe. Ils devaient être aidés en cela par des représentants des deux assureurs du régime.
Afin, sans doute, de mettre tout le monde d’accord dans ce dossier sensible, ces derniers n’étaient pas venus les mains vides. D’après des sources concordantes, ils ont en effet annoncé que, bien que le taux de cotisation au régime conventionnel soit exprimé en pourcentage du PMSS – il s’élève, pour rappel, à 1,37 % du PMSS – le montant de la cotisation au régime santé des HCR n’augmenterait pas au 1er janvier prochain. Autrement dit, les assureurs ont annoncé qu’ils allaient appliquer un taux d’appel destiné à éviter aux entreprises et aux salariés de devoir subir la hausse de 6,9 % du PMSS.
Concrètement, alors que la cotisation frais de santé aurait dû augmenter à plus de 50 euros au 1er janvier prochain, elle demeurera donc fixée à un peu moins de 47 euros. Ceci signifie que, l’an prochain, la cotisation santé des HCR serait appelée à 93,5 % environ de son taux plein. Les entreprises qui adhèrent à la mutualisation frais de santé doivent recevoir prochainement un avenant à leur contrat qui organisera l’entrée en vigueur de ce taux d’appel.
Une stratégie commerciale… et politique
Pour Klesia et Malakoff Humanis, l’opération a, bien évidemment, une visée commerciale. Il s’agit, après la mauvaise publicité qu’ils ont dû subir du fait de la hausse sensible de la cotisation au régime conventionnel, de proposer un tarif dont ils espèrent qu’il leur permettra de demeurer dans la course sur le marché santé des HCR. Le calcul ne paraît pas mauvais, puisqu’il permet aux deux opérateurs de proposer une cotisation dont le montant ne se situe pas au-delà de 7 à 9 euros mensuels de plus que les montants de principaux contrats de la concurrence – soit, pour l’employeur et le salarié, un surcoût de 4 euros. Outre cette visée commerciale, l’initiative des deux assureurs paritaires semble en avoir une autre, plus politique celle-ci.
Si leur annonce n’a pas dû manquer de faire son effet auprès du GNI, il y a pourtant tout lieu de penser que les responsables des deux groupes avaient également en tête l’effet qu’elle allait pouvoir produire auprès de l’UMIH. C’est en effet cette semaine, de mardi à jeudi, que la première organisation professionnelle des HCR tient son congrès national, à Brest. Selon toute hypothèse, l’avenir du régime santé du secteur va être évoqué durant ce congrès et les débats à ce sujet devraient être nourris – rappelons que l’UMIH s’était opposée à l’extension de l’accord du 28 juin dernier. En annonçant un taux d’appel réduit en santé, Klesia et Malakoff Humanis envoie un signal d’apaisement à une organisation sans l’appui de laquelle il est difficile de faire quoi que ce soit dans les HCR.
En l’état, la stratégie tarifaire des deux assureurs du régime santé des HCR appelle finalement deux remarques. D’une part, on relèvera qu’en n’appliquant pas la hausse sensible du PMSS pour 2023, ils vont, rapidement, soit devoir réfléchir à une stratégie de rattrapage de cette hausse sur les exercices suivants, soit devoir réduire la voilure pour la cotisation au régime, par le biais d’un nouveau taux conventionnel moins élevé ou d’un taux d’appel durablement plus bas. D’autre part, afin de soutenir leur volonté de défendre leurs positions dans le secteur, ils vont devoir choisir soigneusement le successeur de Colonna.