Alors que le débat public s’enflamme quant à la nécessité ou non d’imposer la vaccination obligatoire aux personnels soignants – voire à toute la population française – contre la Covid-19, il apparaît opportun de faire état des positionnements à ce sujet des représentants patronaux et salariaux des principales branches de l’hospitalisation privée : hospitalisation privée à but lucratif et hospitalisation privée à but non lucratif, dite CCN 51, auxquelles peut être ajoutée la CCN 66.
Dans l’ensemble, si le patronat de ce vaste secteur d’activité est plutôt favorable à une telle obligation, les positions salariales sont bien plus divergentes.
Un patronat pour la vaccination des soignants
C’est Lamine Gharbi, le président de la fédération de l’hospitalisation privée (FHP) qui a pris la parole en premier sur le sujet, dès la fin du mois de juin. Dans un communiqué de presse, il a défendu le principe de l’obligation vaccinale pour les personnels soignants. “Les soignants, qui font leur travail d’une manière remarquable, doivent obligatoirement être vaccinés, car nous prenons en charge nos concitoyens” a-t-il déclaré, poursuivant : Nous devons nous protéger et surtout les protéger. Ce qui est vrai pour la population générale l’est encore davantage pour les soignants qui s’exposent avec dévouement en première ligne : c’est le virus qu’il faut craindre, pas le vaccin. Dans la période clé que nous vivons, cet enjeu est essentiel”. Pour la FHP, les choses sont donc claires.
Du côté de la FEHAP, l’organisation professionnelle qui gère la CCN 51, les mots paraissent plus pesés. Certes, dans un communiqué en date du 2 juillet dernier, la FEHAP estime que “la vaccination obligatoire des professionnels de santé […] constitue le seul moyen efficace connu pour lutter contre l’épidémie de COVID”. Pourtant, tout en déplorant le fait que “seuls 57% des professionnels des EHPAD et 64% des professionnels des établissements de santé ont reçu au moins une dose de vaccin contre la COVID”, la FEHAP se contente “d’inviter les 280 000 professionnels qu’elle représente à se faire vacciner”. Cette prudence résulte peut-être de craintes patronales d’une hausse des démissions en cas d’obligation vaccinale – étant entendu que l’heure est plus à la recherche de main d’œuvre qu’au chômage de masse dans les établissements de la CCN 51.
Cette interprétation semble accréditée par le fait que Nexem, le patronat de la CCN 66 – ou la gestion des ressources humaines est également tendue – n’a toujours pas arrêté sa position sur la question de l’obligation vaccinale, sa “réflexion” étant “en cours”.
Des approches syndicales différentes
Du côté de la représentation salariale, les avis sont plus clairement divergents. On relève avant toute chose que les fédérations concernées par la gestion des conventions collectives de l’hospitalisation privée n’ont pas pris de position officielle sur la question de la vaccination obligatoire des soignants et qu’interrogées par nos soins à ce sujet, elles n’ont pas encore apporté d’éléments de réponse. On en déduira que ce sujet n’est pas nécessairement consensuel en interne.
Ceci étant dit, la CFDT a beaucoup fait parler d’elle en fin de semaine dernière en signant une tribune avec le MEDEF, plaidant pour une accélération de la couverture vaccinale, par le moyen d’une mobilisation des employeurs et salariés du secteur privé. Dans ce cadre, la CFDT a notamment paru se positionner en faveur d’une obligation vaccinale pour les métiers en lien avec le public – dont font partie les métiers de soignants, qu’ils aient pour cadre l’hôpital public ou l’hôpital privé. On peut inférer de ceci que la fédération CFDT santé-sociaux, présente dans le secteur de l’hospitalisation privée, est plutôt favorable à l’obligation vaccinale.
Du côté de la CGT en revanche, si l’on en croit là encore des prises de position confédérales, l’heure n’est pas à la défense de la vaccination obligatoire des soignants. En réaction à la tribune de la CFDT et du MEDEF, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT a en effet déclaré hier qu’il n’était favorable à une telle mesure. Il est fort possible que la position de FO soit globalement comparable à celle de la CGT. Si la direction confédérale de cette organisation ne s’est en effet pas encore prononcée sur cette question, les remontées de terrain, ici ou là, témoignent en effet du fait que la vaccination obligatoire ne convainc que modérément au sein des troupes de FO.