Dans les industries électriques et gazières (IEG), la couverture frais de santé des retraités articule deux niveaux de couvertures obligatoires : le régime de base et le régime complémentaire, tous les deux gérés par la CAMIEG, à un ou plusieurs niveaux de couvertures facultatives, dont la couverture supplémentaire maladie des retraités, la CSMR, assurée et gérée par Solimut et subventionnée par les fonds de solidarité de la branche.
Articulée à une dégradation du régime, la très forte hausse de la cotisation à la CSMR opérée en 2024 passent plutôt au sein des IEG.
+ 16 % pour la cotisation santé des retraités des IEG
Pour les quelque 120 000 retraités des IEG couverts par la CSMR, le passage à la nouvelle année n’a pas été une bonne affaire. Il a en effet emporté une hausse de 16 % de la cotisation à ce contrat. Son gestionnaire – la fameuse caisse centrale des activités sociales (CCAS) des IEG, tenue par la CGT – a justifié cette hausse en invoquant d’abord le contexte inflationniste général, ensuite le dynamisme de la consommation médicale des assurés du régime et, enfin, les transferts de charges de la Sécurité sociale vers les complémentaires santé décidés par l’Etat. Cette très forte augmentation de la cotisation s’ajoutait à une autre mise en œuvre quelques mois auparavant, en juillet 2023, de 5 %. En moins d’un an, la cotisation supplémentaire santé des retraités des IEG a donc grimpé de plus de 20 %.
L’évolution tarifaire de la CSMR est passée d’autant moins inaperçue qu’elle ne s’est pas vraiment accompagnée d’une amélioration du régime. Au contraire. D’après des sources concordantes, son gestionnaire aurait d’une part fait le choix de ne plus exprimer, le cas échéant, les garanties en référence au PMSS mais de manière monétaire, afin de modérer leur progression. D’autre part, il aurait décidé de revenir sur la gratuité de la cotisation des assurés handicapés. Si ceci a pu être justifié en expliquant que les assurés payant leur cotisation éviteraient une hausse plus forte encore de celle-ci, il n’en demeure pas moins que les mauvaises nouvelles se multipliaient décidément pour les bénéficiaires de la CSMR.
Des réactions pas vraiment enchantées
C’est peu dire que cette ribambelle d’évolutions pas vraiment positives n’a guère été appréciée en interne. Ainsi, les représentants des salariés et des retraités qui ne sont pas aux commandes du CCAS n’ont pas jugé positivement le changement de la formulation des garanties. Ils ont souligné qu’il allait nécessairement impliquer une hausse future des restes à charge des assurés sur les postes concernés. Sans juger incompréhensible, sur le principe, que les retraités handicapés contribuent au financement de leur couverture, certains se sont en outre interrogés sur les conséquences financières et sociales, pour cette catégorie d’assurés plus fragiles que les autres, de la fin de la gratuité dont ils jouissaient jusqu’alors. Mais les principales critiques des organisations concurrentes de la CGT n’ont pas porté sur ces deux décisions.
Elles ont concerné la hausse de la cotisation de l’ensemble des retraités des IEG. Ainsi, Force Ouvrière a vivement dénoncé le fait qu’elle procédait notamment d’un prélèvement de 9 millions d’euros opéré par la CCAS sur sa dotation, de 27 millions d’euros, de financement de la CSMR. “Sans cette ponction des 9 millions d’euros, les augmentations de 16 % n’auraient pas été justifiées, au moins cette année puisque les réserves servent à compenser les éventuels déficits !” tonne FO. L’organisation demande le versement de l’intégralité de la dotation de la CCAS à la couverture ainsi qu’une transparence dans la gestion de cette dotation. Plus généralement, FO considère d’ailleurs que cette dotation ne devrait pas uniquement contribuer au financement de la CSMR mais également des couvertures complémentaires de l’ensemble des retraités – y compris donc de ceux qui font le choix d’un autre contrat.