Retraites : deux nouvelles projections à double tranchant

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Alors qu’une partie des partenaires sociaux : MEDEF et CPME côté patronal et CFDT, CFE-CGC et CFTC, côté salarial, continue de discuter de l’avenir des retraites, deux projections portant sur les comptes des régimes de retraite, révélées par le Monde, viennent renseigner les déséquilibres qu’ils devraient connaître sur le long terme.

budget social

Ces projections déficitaires n’épuisent, certes, pas le débat sur la manière de rééquilibrer les comptes de la retraite.

Des régimes déficitaires même en rehaussant l’âge de la retraite

D’après les chiffres présentés par le Monde – et issu d’une étude réalisée conjointement par la direction de la Sécurité sociale (DSS) et la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), à la demande du MEDEF – même dans l’hypothèse de nouveaux rehaussements de l’âge de la retraite, les comptes des régimes de retraite finiraient par virer au rouge, dans des proportions non négligeables. Ainsi, dans l’éventualité d’une augmentation à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite, le système de retraite serait équilibré entre 2029 et 2032, puis deviendrait déficitaire – à hauteur “de 24,3 milliards d’euros en 2045”. Dans la seconde projection, portant sur une hausse à 66 ans de l’âge de la retraite, le retour à une bonne fortune comptable durerait jusqu’à 2040, avant le retour des déficits, avec un solde négatif de “7,6 milliards en 2045”.

Des projections diversement interprétables

Il est tentant de formuler l’hypothèse selon laquelle que ces projections viendront appuyer de futures propositions patronales visant non seulement à ne pas revenir sur la dernière réforme des retraites mais bien plutôt à aller nettement plus loin encore dans la même direction. Cité par l’article de nos confrères, Eric Chevée, le vice-président de la CPME, juge en outre nécessaire de progresser vers le développement de la retraite par capitalisation. Du point de vue des syndicats de salariés, ces projections déficitaires emportent une part de positif, dans la mesure où elles viennent objectiver le fait que le principal choix politico-technocratique opéré dans le cadre des réformes successives des retraites menées depuis maintenant plusieurs décennies : le rehaussement de l’âge de la retraite – n’est pas la panacée pour restaurer durablement l’équilibre des retraites.

Et un retour aux sources de la répartition ?

A bien y réfléchir, ces éléments chiffrés pourraient également appeler une réflexion renouvelée sur la notion et la pratique de la retraite par répartition. Car s’il est aujourd’hui entendu qu’elle doit s’inscrire dans une dynamique de maintien du niveau de vie des pensionnés, encore faut-il rappeler que, dans son principe, elle ne désigne qu’un mode de financement des pensions, consistant en une répartition entre eux du montant total des cotisations prélevées sur les actifs – sans que l’enjeu du maintien du niveau des pensionnés n’entre en considération. Rajoutons à cela qu’il paraît globalement entendu que, dans l’état qui est actuellement celui de l’économie française, la marge de progression des cotisations sociales est très contrainte. Dans une telle configuration, le vieillissement démographique en cours ayant l’ampleur qui est la sienne, un retour, au moins partiel, à l’esprit de la retraite par répartition mériterait d’être discuté dans le débat public.

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