“Refondation sociale”, le retour ?

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Ceux d’entre les partenaires sociaux n’ayant pas quitté la négociation paritaire sur l’avenir des retraites – soit : le MEDEF et la CPME, côté patronal, et la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC, côté salarial – se sont retrouvés hier pour une nouvelle séance d’échanges, notamment consacrée au thème de l’usure professionnelle.

PLFSS

Bien conscients de l’évolution notable du cadre global de leur négociation sur les retraites, les partenaires sociaux restants semblent vouloir élargir le périmètre de leurs discussions à l’enjeu du financement de la protection sociale.

Le “village” retraites de la CFDT

Malgré l’absence de leurs homologues de FO, de la CGT et de l’U2P, leurs homologues issus des autres confédérations syndicales d’employeurs et de salariés représentatives au niveau national et interprofessionnel se sont donc une nouvelle fois réunis hier. Constatant le rétrécissement du nombre des participants aux échanges, la CFDT a jugé opportun de proposer un nouveau nom pour désigner la négociation : il ne faudrait plus, désormais, parler de conclave, mais de village retraites. Et si la séance du jour avait un thème bien précis à aborder, celui de la prise en compte de l’usure professionnelle dans les régimes de retraite, son véritable enjeu était ailleurs. Le conclave ayant été torpillé de diverses manières, les organisations présentes n’avaient pas fait mystère, avant de se retrouver, du fait qu’elles entendaient commencer à redéfinir l’objet et la méthode de leurs réunions de travail. Partenaires sociaux au cœur des compromis paritaires depuis les années 1990, le MEDEF et la CFDT devaient notamment se positionner à ce sujet.

La redéfinition du financement de la protection sociale comme nouvelle “refondation sociale”

Après s’en être ouverts au Premier ministre au cours des derniers jours – et sans que ceci n’ait, pour l’heure, suscité de réaction négative de sa part – ils ont affiché leur volonté d’élargir sensiblement le périmètre de leurs discussions. Cité par l’Opinion, Yvan Ricordeau, pour la CFDT, a ainsi estimé qu’une nécessaire réflexion sur la gouvernance de la retraite en France devrait donner lieu à une seconde, bien plus générale encore, relative à la remise à plat du financement de la protection sociale. Dans une interview qu’il a accordée aux Echos, Patrick Martin, le président du MEDEF, a lui aussi affirmé clairement son souhait de voir les partenaires sociaux s’emparer de ce thème. “Il faut ensuite élargir le chantier au financement de toute la protection sociale comme je l’avais préconisé dès la fin de l’été et encore dès le début des discussions. Sinon on passe à côté du vrai problème : le déséquilibre des régimes sociaux et le fait qu’ils pèsent trop sur le travail” a-t-il défendu. Ainsi le MEDEF et la CFDT veulent-ils faire de la redéfinition des finances sociales un chantier de négociation prioritairement paritaire.

Des contraintes plus fortes que jamais

Plus de vingt-cinq ans après le fameux épisode de la “refondation sociale” – au cours duquel Denis Kessler, alors vice-président du MEDEF, avait tenté de négocier avec la CFDT de Nicole Notat une restructuration en profondeur du modèle social français – les dirigeants de ces deux organisations semblent donc se montrer tentés de s’engager de nouveau dans des négociations paritaires de grande portée. Dans une configuration budgétaire caractérisée par les déséquilibres comptables intenables dès le court terme des régimes sociaux, l’ambition est louable. Une réussite paritaire sur ce thème constituerait une grande victoire de la protection sociale contractuelle sur l’étatisation désormais avancée du secteur. On rappellera, certes, qu’à l’époque, la refondation sociale n’avait eu que des résultats tangibles limités. L’hypothèse que des discussions paritaires sur le financement de la protection sociale en viennent à n’avoir, elles aussi, que des résultats limités, est à prendre d’autant plus au sérieux que, justement, l’état des comptes sociaux est tel qu’il implique fort probablement des décisions douloureuses. Le jeu en vaut néanmoins la chandelle.

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