La réforme du courtage est bien conforme à la Constitution

Le Conseil constitutionnel vient de délivrer sa réponse à la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à la réforme du courtage. Cette QPC déposée par l’association nationale des conseils diplômés en gestion de patrimoine (ANCDGP) valide la conformité de la réforme à la Constitution.

L’ANCDGP reprochait à cette réforme de permettre aux associations de courtiers agréées de sanctionner leurs adhérents sans que les fonctions de poursuite et d’instruction, d’une part, et de jugement, d’autre part, soient séparées par une procédure spécifique. L’ANCDGP estimait ainsi que la réforme méconnaissait les principes de liberté d’entreprendre, d’égalité devant la loi (notamment car les courtiers exerçant en libre prestation de services ou en liberté d’établissement n’y sont pas soumis), d’indépendance et d’impartialité des juridictions ainsi que le principe selon lequel on ne peut être puni deux fois pour les mêmes faits.

Les Sages indiquent bien que la nouvelle obligation d’adhérer à une association professionnelle agréée ne vise qu’à vérifier les “conditions d’accès et d’exercice de l’activité de leurs membres” préalablement à leur inscription à l’Orias. Si un courtier ne remplit pas les conditions d’accès à la profession, sa demande sera simplement rejetée. Ce contrôle qui porte atteinte à la liberté d’entreprendre “ne présente pas un caractère disproportionné au regard de l’objectif poursuivi” selon le Conseil constitutionnel.

S’agissant de la méconnaissance du principe d’égalité devant la loi, la décision rappelle que l’objectif de la réforme est de renforcer le contrôle de l’accès aux activités de courtage et d’assurer l’accompagnement des professionnels en France. De fait, les professionnels exerçant en libre prestation de services ou en liberté d’établissement sont déjà immatriculés et contrôlés dans leur pays d’origine : leur situation est donc différente de celle des courtiers français. La différence de traitement est donc compatible avec la loi et conforme à la Constitution.

Enfin, le Conseil se prononce sur le respect des principes d’indépendance et d’impartialité des juridictions ainsi que le principe selon lequel on ne peut être puni deux fois pour les mêmes faits. Les Sages rappellent ainsi que la réforme précise que les sanctions que les associations souhaiteraient prononcer contre leurs membres doivent être validées préalablement par l’ACPR. D’autres sanctions, comme le retrait de la qualité de membre, peuvent être prises d’office à certaines conditions précises. Ces sanctions ne sont donc pas des punitions, selon la décision QPC, mais un simple contrôle qui fait partie des “pouvoirs inhérents à l’organisation de toute association en vue d’assurer le respect de leurs conditions d’adhésion et de fonctionnement“.

L’intégralité de la réforme est donc conforme à la Constitution et tous les courtiers français doivent bien l’appliquer.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

Avis d’extension d’un protocole d’accord à la CCN de la navigation intérieure de marchandises

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 21 janvier 2025, les dispositions du protocole d'accord du 17 décembre 2024 relatif aux minima conventionnels, conclu dans le cadre de la convention collective nationale du personnel sédentaire des entreprises de transport de marchandises de la navigation intérieure (...

Avis d’extension d’un avenant à un accord de prévoyance à la CCN de production des eaux embouteillées

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles envisage d’étendre, par avis publié le 21 janvier 2025, les dispositions de l’avenant du 19 novembre 2024 à l'accord du 5 décembre 2001 relatif à la prévoyance, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des activités de production des eaux embouteillées, des boissons rafraîchissantes sans alcool et de bière (...

Avis d’extension d’un accord collectif national à la CC des autoroutes ou d’ouvrages routiers

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles envisage d’étendre, par avis publié le 21 janvier 2025, les dispositions de l’acccord du 19 décembre 2024 relatif à la protection sociale complémentaire, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des sociétés concessionnaires ou exploitantes d’autoroutes ou d’ouvrages routiers (...