Arrêts de travail : la Cour des Comptes avance des propositions chocs (pour les financeurs privés)

Dans le cadre de son rapport annuel sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale, qu’elle a rendu public hier, la Cour des Comptes est revenue sur l’enjeu de la prise en charge par la Sécurité sociale des arrêts de travail pour raison de maladie.

Ce thème, il est vrai, ne manque pas d’intérêt du point de vue de la rue Cambon, puisque ces dernières années, le montant des arrêts de travail financés par la Sécurité sociale est en augmentation sensible et nettement plus rapide que celui des autres dépenses sociales, étant passé de 7,7 milliards d’euros en 2017 à 12 milliards d’euros en 2022. Alertant depuis plusieurs années déjà sur ce dynamisme, la Cour a donc décidé de passer la vitesse supérieure.

Elle préconise diverses mesures plutôt radicales destinées à freiner la progression des dépenses de la Sécurité sociale liées aux arrêts de travail. En premier lieu, celle de la fin de l’indemnisation des arrêts de moins de huit jours, pour “470 millions d’euros” d’économies. En outre, afin de bien s’assurer que même dans le cas des arrêts supérieurs à huit jours, la première semaine ne serait pas indemnisée, elle propose de porter le délai de carence de trois à sept jours – mesure censée permettre la réalisation de 950 millions d’euros d’économies. La rue Cambon propose également la création d’un jour de carence d’ordre public, c’est-à-dire d’un jour qui ne serait pas pris en charge par l’employeur, ou la réduction de la durée maximale d’indemnisation, de trois à deux ans. L’heure serait donc aux potions amères.

S’il n’est pas certain que le gouvernement et sa majorité retiendront l’ensemble de ces pistes d’action afin d’engager une possible réforme de la prise en charge des arrêts de travail par la Sécurité sociale, il convient néanmoins, la situation budgétaire étant très tendue, de prendre au sérieux l’hypothèse d’un net durcissement des conditions de leur indemnisation. Les pouvoirs publics pourraient fort, une nouvelle fois, en venir dans les prochains mois à faire, sans nul doute, le cas échéant, sans grand ménagement, les poches des financeurs privés des dépenses de protection sociale que sont les ménages, les entreprises et les assureurs.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
1 commentaire
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

Les laboratoires d’analyses menacent de fermetures en fin d’année

Dans le cadre du bras de fer que les laboratoires d'analyses médicales ont engagé avec l'Etat au sujet des moyens alloués au secteur, leur intersyndicale patronale a fait savoir en début de semaine que le secteur n'était pas en mesure de garantir la continuité de ses services pour la fin de l'année. Déplorant le fait que "l’enveloppe de financement annuelle, dédiée à la biologie médicale par l’Assurance maladie, est désormais insuffisante pour couvrir les besoins...
Lire plus

Les premiers allègements et exonérations adoptés par les députés sur le PLFSS 2025

Après avoir supprimé les premiers articles du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS 2025), les députés ont fait passer plusieurs mesures d'exonérations et d'allègements de cotisations en séance publique. Ces amendements sont positionnés entre l'article 3 et l'article 6 du projet de loi (ce dernier avait d'ailleurs été ...
automobile
Lire plus

Catégories objectives et cotisations au centre des 5 accords CCN de la semaine

Le nombre de conventions collectives nationales (CCN) qui adaptent leur définition des catégories objectives de salariés continue de croître à l'approche de la date fatidique du 1er janvier 2025. Les accords signés sur ce thème sont toujours plus nombreux à sortir et la commission paritaire de l'Apec parvient, pour le moment, à suivre le rythme des agréments. Espérons pour les partenaires sociaux retardataires que cela continue. En parallèle l'autre sujet traité quasi-annuellement dans les accords est celui de la...