La loi Touraine continue de mobiliser… contre elle

Le projet de loi relatif à la modernisation du système de santé français continue, dès aujourd’hui, à être discuté par les sénateurs. 

Ceux-ci vont sans aucun doute poursuivre la profonde modification du projet de loi voté par l’Assemblée nationale qu’ils ont entamée depuis le lundi 14 septembre. 

Ce projet semble faire l’unanimité des professions concernées contre lui. La situation est d’autant plus tendue que les élections professionnelles chez les médecins auront bientôt lieu. 

 

Les syndicats de médecins avancent leurs pions dans le combat contre la loi santé

Dès son annonce, le projet de loi santé a provoqué le mécontentement des médecins. L’une des mesures phares étant la généralisation du tiers payant prévue à l’article 18 du projet de loi. 

Même si le sénat s’est empressé de retirer la mesure du texte, il est prévisible qu’elle sera rétablie en commission mixte paritaire. 

De nombreuses organisations, dont la confédération des syndicats médicaux français (CSMF), continuent de marquer leur opposition à cette mesure en estimant que le tiers payant généralisé annonce “la mort […] de la médecine libérale”. Toutefois, la CSMF refuse de participer à une grève qui bloquerait tout accès à la santé à des patients en risque. En effet, le syndicat des médecins généralistes (MG France), appelle, lui, à une fermeture des cabinets le 5 octobre prochain, tandis que le syndicat le BLOC appelle au blocage illimité à compter du 3 octobre. 

L’organisation des syndicats face à la loi Touraine est surtout marquée par l’affirmation de réactions divergentes en vue des prochaines élections aux unions régionales de médecins qui auront lieu le 12 octobre. Chaque organisation tente de conquérir l’opinion des professionnels du secteur en dénonçant les erreurs des autres. Ainsi, MG France accuse la CSMF d’accumuler “les fautes”, alors que la CSMF affirme que MG France est “de connivence avec le gouvernement” et que le syndicat le BLOC est “à la botte de la FHP”. Chaude ambiance donc… 

 

L’appel à la grève relancé dans les hôpitaux

Alors que les médecins libéraux s’apprêtent à se mobiliser, les établissements de santé et de l’action sociale se font aussi l’écho de plusieurs appels à la grève. 

Ainsi, 3 syndicats : FO, la CGT et SUD, demandent aux salariés de mener une grève d’une journée le jeudi 1er octobre. 

Ici, ce sont les groupements hospitaliers de territoire, prévus à l’article 27 de la loi santé, qui font l’objet du mécontentement des syndicats de salariés. Cette nouvelle organisation aura notamment pour objet de “permettre aux établissements de mettre en oeuvre une stratégie commune et graduée du patient, dans le but d’assurer une égalité d’accès à des soins sécurisés et de qualité”. 

Les syndicats appelant à la grève affirment que cela conduira à des restructurations au sein des établissements et des services qui se traduiront par des regroupements et transferts d’activité. 

 

Les buralistes toujours dans la course contre la loi santé

La loi portée par Marisol Touraine est aussi malmenée par la réaction des buralistes et des sociétés de tabac face à l’article 5 decies du projet. 

Cet article prévoyait effectivement, dans sa version votée par la commission des affaires sociales, l’uniformisation de la présentation des paquets de cigarettes et de tabac à rouler sous une apparence neutre. 

Après une forte mobilisation visant à dénoncer un danger pour les buralistes si les paquets de cigarettes venaient à être neutres, le contenu du texte a été vidé de sa substance au Sénat. L’article en question prévoit désormais que les emballages portent des avertissements sanitaires associés à des photos recouvrant 65% de la surface extérieure du paquet. 

Malgré ce recul, qui sera sans doute rectifié en commission mixte paritaire, les opérations de communication continuent avec notamment le directeur des affaires institutionnelles d’Imperial Tobacco, Axel Gietz, qui affirmait encore le 18 septembre que l’adoption du paquet neutre serait une folie. Un autre discours aurait été étonnant. 

 

Marisol Touraine n’a donc pas terminé de défendre son projet de loi qui sera sans aucun doute contesté, même après son adoption. 

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Quand la relation intime entre deux salariés devient un motif de licenciement

La relation intime d'un responsable d'entreprise peut avoir des conséquences professionnelles s'il les cache à sa direction. C'est ce qu'a récemment rappelé la Cour de cassation dans une décision rendue le 29 mai 2024. Elle s'y prononce sur le licenciement pour faute grave d'un responsable d'entreprise qui a caché à son employeur sa relation avec une autre salariée de l'entreprise, laquelle est titulaire...
Lire plus

Indemnité de cantine fermée “covid” : le juge tranche en défaveur des télétravailleurs

La crise sanitaire de 2020 a provoqué la fermeture de nombreux lieux de rassemblement de population, dont la fameuse cantine d'entreprise. Or, certaines entreprises ont dû maintenir une activité dans leurs locaux pour assurer la continuité de service. Dans ce cadre, une indemnité dite de cantine fermée a été mise en place pour permettre aux salariés présents de ne pas être lésés par la fermeture du restaurant normalement accessible dans le cadre de leur emploi. Mais cette indemnité a fait naître quelques litiges, dont...
Lire plus

Obligation de prévention et sécurité : c’est à l’employeur de montrer patte blanche en cas d’accident

En entreprise, l'employeur est tenu de respecter des mesures de prévention et sécurité afin de protéger la santé de ses salariés. Les dispositions du code du travail encadrent cette obligation avec précision. Mais que se passe-t-il en cas de manquement de l'employeur ? Le salarié peut-il considérer que cette violation de ses obligations légales par l'entreprise constitue un motif de rupture de contrat de travail aux torts de l'employeur ? Dans ce cas, sur qui repose la charge de la preuve ? C'est à cette question que...