A la CGT, ces derniers temps, l’ambiance en interne n’est décidément pas celle des grands jours. Il se passe rarement une semaine sans que Philippe Martinez, le secrétaire général de l’organisation, fasse l’objet d’attaques publiques plus ou moins virulentes.
Cette semaine, c’est un article du Canard Enchaîné qui suscite une vive émotion du côté de Montreuil.
Le retour du Général Tapioca
Hier, la CGT et Philippe Martinez ont eu les honneurs du palmipède. Dans un article intitulé “Bataille des idées à coups de poings à la CGT”, Alain Guédé décrit d’une part les vives tensions internes engendrées par l’initiative prise courant mai par le patron de la CGT de signer pour le Monde, avec ses homologues de la confédération allemande DGB et des confédérations syndicales françaises CFDT, FO, CFTC et Unsa, une tribune farouchement européiste. Comme nous l’avons évoqué fin mai dans nos colonnes, l’aile gauche de la CGT, anti-impérialiste, a vivement dénoncé la décision de Philippe Martinez, estimant qu’elle relevait de la trahison du mouvement social.
Parallèlement à cela, le Canard Enchaîné se fait l’écho des méthodes discutables de gestion des ressources militantes. A la CGT, on ne se contente plus d’opérations coups de poings – au sens propre du terme – entre factions rivales. L’édition d’hier du palmipède confirme en effet, en les précisant, les rumeurs de cambriolage que Tripalio avait rapportées au lendemain du déconfinement. Ainsi donc, “dans la nuit du 6 au 7 avril”, la CGT s’est fait dérober “une soixantaine de milliers d’euros en liquide” ainsi que “quelques papiers – notamment sur les marchés passés par la centrale”. Gageons qu’un bon usage sera fait de ces fafiots divers…
Branle-bas de combat à la CGT
C’est peu dire que l’article du Canard Enchaîné a suscité une vive émotion à la CGT. Toute la journée d’hier, la direction confédérale a été assaillie de demandes de précisions et d’explications de militants et de cadres syndicaux quelque peu secoués par les informations portées à leur connaissance. Il est vrai que les faits décrits renvoient à des univers sociaux a priori éloignés de celui, censé être fraternel et désintéressé, de l’action syndicale. On comprend d’ailleurs mieux, dans ces conditions, pourquoi le patron de la CGT s’engage aussi souvent qu’il le peut dans des interventions médiatiques faciles sur des sujets “sociétaux” : rien de tel pour masquer certains éléments moins glorieux de la tambouille interne.
Quoi qu’il en soit de ces éléments d’interprétations, une chose est sûre : très rapidement, la direction de la CGT a diffusé à ses troupes un message supposé redorer son blason. “Ce matin est paru […] un article du Canard Enchaîné révélant des faits de violence, de cambriolage, de mise en danger de famille… Certains d’entre vous nous interrogent, aussi nous vous informons que la confédération a été interpellé avant la parution de l’article par le journaliste, rien de tout cela n’est vrai et aucun des faits relatés ne se sont déroulés. Malgré ce démenti le journal a décidé de publier un article”. Ah ! à la CGT, on semble regretter le temps où un simple démenti suffisait à éviter une mauvaise publicité !