Le particulier employeur aussi a une obligation de sécurité envers ses salariés

Cette publication est issue du site du syndicat de salariés UNSA.

Le régime d’accident de travail est applicable aux particuliers employeurs. Ces derniers sont tenus de respecter désormais une obligation de sécurité physique et morale efficiente, en adoptant les mesures nécessaires pour protéger la santé de leur salarié. A défaut, ce dernier peut être indemnisé… 

L’état du Droit… 

Dans un arrêt du 8 avril 2021 (n°20-11.935), la Cour de cassation s’est prononcée sur la notion de faute inexcusable chez les particuliers employeurs. 

En l’espèce, une salariée embauchée en qualité d’employée de maison est devenue lourdement handicapée suite à une chute d’un balcon dont la balustrade en bois avait cédé. 

La Caisse primaire d’assurance maladie territorialement compétente a pris en charge cet accident, en tant qu’accident du travail. 

La Haute Juridiction devait ainsi déterminer si la faute inexcusable du particulier employeur de personnel de maison devait s’entendre, comme celle commise par n’importe quel autre employeur, ou si, a contrario, cette notion devait être aménagée à la relation de travail de type particulier… 

La Cour retient que la notion de faute inexcusable est la même qu’un employeur professionnel. Dès lors, le particulier employeur est aussi tenu à une obligation de sécurité de résultats, celle de l’article L. 4121-1 du Code du travail. 

Droit en actions… 

Cette décision est à saluer. Elle est un gage de sécurité juridique et de protection supplémentaires pour un nombre important de salariés qui travaillent au domicile de leur employeur. En effet, il existerait un nombre élevé d’accidents du travail pour ces derniers. La reconnaissance de la faute inexcusable permet aussi d’obtenir une indemnisation complémentaire et une meilleure prise en charge. 

Plusieurs améliorations de la prise en charge peuvent être activées : 

  • un impact sur le régime de remboursement et d’indemnisation de la sécurité sociale générale et de la mutuelle/ prévoyance complémentaire : établir la faute inexcusable permet notamment d’obtenir, en cas d’incapacité permanente partielle, une majoration de la rente d’incapacité OU une majoration de l’indemnité en capital.

En cas d’incapacité permanente et totale de 100%, la victime bénéficiera d’une indemnité forfaitaire (base : salaire minimum légal à date de consolidation). 

  • des dommages et intérêts civils spécifiques : les préjudices indemnisés peuvent notamment être les « douleurs » ressenties, les préjudices et soins esthétiques, les conséquences professionnelles inhérentes à l’accident, les dommages familiaux, moraux ou de pertes de chances (Cass. 2ème civ. 21 janvier 2016, Cass. civ. 4 avril 2019 n°18-13.703).

Pour conclure, cette décision en appelle à la vigilance et à la responsabilité des particuliers employeurs. Ils ne peuvent donc pas se soustraire à une obligation de sécurité à l’égard des employés travaillant à leur domicile. Ces employeurs particuliers ne disposent cependant que de peu de moyens et de connaissances techniques en sécurité et prévention des risques. En ce sens, ils ne sont toutefois pas totalement des employeurs comme tous les autres… 

Cela pourrait d’ailleurs en dissuader certains à embaucher des salariés, alors même que le besoin d’aide et d’assistance ou la dépendance ne permettent pas, à ses employeurs ou à leur famille, de se passer du service. 

Les assureurs privés, de leur côté, coûtent chers et ne prennent pas tout en charge. Ils pourraient néanmoins développer leur rôle d’acteurs de la prévention. 

Cette jurisprudence permet aux salariés des particuliers employeurs de se voir reconnaître des droits et des garanties qui leur étaient dus comme à tous autres salariés et ce, d’autant plus que les métiers d’aide ou de services à domicile, souvent très physiques, ne sont pas sans risques professionnels, notamment d’accidents domestiques, … 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
avocats Kerialis
Lire plus

L’Autorité de la concurrence recommande la création d’un nouvel office d’avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation

L’Autorité de la concurrence a publié le 16 avril 2025 son cinquième avis sur la liberté d’installation des avocats au Conseil d’État et à la Cour de cassation pour la période 2025-2027. Cet avis concerne directement les professions regroupées dans la convention collective nationale des avocats au Conseil d’État et à la...

La Cipav nomme un administrateur provisoire jusqu’à fin 2025

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, nomme Laurent Caussat administrateur provisoire de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse (Cipav) jusqu’au 31 décembre 2025. Cette nomination fait suite à la décision du tribunal judiciaire de Paris, en date du 9 janvier 2025, qui a annulé les élections du conseil d’administration de la Cipav organisées entre le 9 et le 24 mai 2024. En l’absence de conseil...

Diot-Siaci enregistre une croissance de 14 % en 2024

Le Groupe Diot-Siaci atteint un chiffre d’affaires brut de 1,03 milliard d’euros en 2024, en hausse de 14 % par rapport à 2023. Hors acquisitions récentes, la progression repose sur une croissance organique soutenue. L’activité réalisée hors de France progresse de 24 % et représente désormais près de...

Abeille Assurances publie des résultats 2024 en nette progression

Abeille Assurances réalise en 2024 un chiffre d’affaires consolidé de 6,9 milliards d’euros, en progression de 4,2 % par rapport à 2023. Le résultat net atteint 79 millions d’euros, contre 53 millions un an plus tôt, soit une hausse de 49 %. Les fonds propres s’élèvent à 2,2 milliards d’euros, tandis que les ratios de solvabilité atteignent 137 % pour l’activité IARD & Santé et 216 % pour Abeille Vie​. ...