Pertes d’exploitation : le pari à 300 millions d’Axa

Axa

Invité ce jeudi matin sur Europe 1, Thomas Buberl, le directeur général d’Axa, a affirmé qu’afin de mettre fin aux différends économiques, juridiques et moraux qui, sur la question de l’indemnisation des pertes d’exploitation, opposent son groupe à quelque 15 000 de ses clients restaurateurs, il allait mettre « 300 millions [d’euros] sur la table ».

En l’état, cette « transaction », pour reprendre le terme du DG d’Axa, pour solde de tout compte a, certes, quelque apparence d’un pari effectué par l’assureur.

Une « grosse somme » pour assainir l’ambiance

Alors que l’heure est à la réouverture générale des restaurants, Thomas Buberl a tenu à faire savoir à ses clients dans le secteur qu’Axa est toujours à leurs côtés. Se félicitant du versement d’un chèque global de 300 millions d’euros au bénéfice de ses 15 000 clients restaurateurs couverts pour les pertes d’exploitation, il s’est justifié en invoquant la bonne volonté d’Axa. « On veut accompagner nos clients restaurateurs dans cette réouverture, il est important de mettre derrière nous cette difficulté, le flou judiciaire qu’on a vécu dans le dossier des restaurateurs » a-t-il en l’occurrence affirmé. « Axa a 100 millions de clients, pour 15 000, on met 300 millions sur la table, c’est vraiment une grosse somme » a mis en exergue M. Buberl, selon qui les règlements devraient avoir lieu avant la fin septembre.

Le DG d’Axa a tenu à bien préciser le statut juridique de cette solution d’apaisement. « Cette solution n’est pas une indemnisation, c’est une transaction » a-t-il expliqué, insistant : « On offre une transaction à beaucoup de monde qui n’ont rien demandé, même les gens qui ont perdu (en justice) ont maintenant le droit à cette transaction ». Autrement dit : en versant en moyenne 20 000 euros à chacun de ses clients concernés, le géant de l’assurance veut en finir avec le feuilleton des pertes d’exploitation. Selon toute hypothèse, il cherche également à montrer patte blanche aux pouvoirs publics, qui ne rechignent pas, ces derniers temps, à cogner sur le secteur dès qu’ils en ont l’occasion.

Une transaction non sans risque pour Axa

En promettant 300 millions d’euros à ses clients restaurateurs couverts pour les pertes d’exploitation, Axa devrait effectivement obtenir de la plupart d’entre eux un renoncement à toute action en justice, en cours ou potentielle. Ceci devrait notamment être le cas des restaurateurs à la tête de petites affaires, qu’un chèque de 10 000 ou 15 000 euros devrait suffire à convaincre. En revanche, il n’est pas garanti que des patrons de restaurants à l’activité plus importante, pouvant espérer d’une action en justice une indemnisation à hauteur d’au moins 50 000 euros, voire bien plus encore, se contenteront d’un chèque de 30 000 ou 40 000 euros. La proposition d’Axa pourrait donc à la fois l’engager sur une somme importante sans toutefois signifier la fin des contentieux les plus épineux.

Pour ce qui concerne ensuite ses relations avec les pouvoirs publics, à coup sûr, Axa réalise une opération positive en faisant preuve d’une attitude décidément plus ouverte que celle adoptée jusqu’alors. Pour autant, il n’est pas certain que ce changement de braquet va réellement contribuer à calmer les ardeurs taxatrices et réglementaires de l’Etat à l’encontre du secteur – dans le domaine de la protection sociale complémentaire, par exemple. La machine étatique étant en effet désormais bien lancée, le geste de l’assureur arrive sans doute un peu tard pour l’arrêter rapidement et tout à fait…

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
2 comments
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

PLFSS 2026 : rejet du socle solidaire et responsable par Thibault Bazin

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #6 : focus sur l'avenant santé n° 9 de la CCN Syntec

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #3 : les CCN face à l'assurance obsèques de l'enfant de -12 ans

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #1 : Les accords santé face aux fusions de CCN

You May Also Like

Solvabilité II : l’EIOPA publie de nouvelles lignes directrices et ouvre des consultations

L'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP, ou EIOPA en anglais), a publié de nouvelles informations liées à la directive Solvabilité II. Au menu : de nouvelles orientations relatives au contrôle de groupe, aux entreprises liées et à l'évaluation des modèles internes, d'une part, puis des consultations sur les lignes directrices dédiées aux calculs de solvabilité du groupe et à la déclaration, d'autre part. Les nouvelles lignes...

Intériale quitte la Mutualité Française

Plusieurs confrères de la presse spécialisée annoncent, ces dernières heures, la décision prise par Intériale, ayant longtemps joué un rôle central dans l'assurance santé des agents et anciens agents du ministère de l'Intérieur, de quitter la fédération nationale de la mutualité française. Cette décision résulterait notamment des tensions survenues entre opérateurs mutualistes, et dans le cadre de leur représentation, au cours de la mise en œuvre de la réforme...

La cession du holding du courtier français Leader Insurance examinée par l’Autorité de la concurrence

L'Autorité de la concurrence signale un nouveau projet de rachat d'un courtier français. Ce projet implique la tête du Groupe Leader Insurance. C'est Ardonagh France, entité française du groupe Ardonagh, basé en Grande-Bretagne, qui envisage d'acquérir le contrôle exclusif de la société Génération Insurance, à la tête du Groupe Leader Insurance et de nombreuses autres filiales. Cette concentration peut faire l'objet d'observations jusqu'au 3 décembre...

L’ACPR publie des données semestrielles qui n’arrangent pas les Ocam

Le rapport semestriel de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) sur la situation des assureurs français au premier semestre 2025 montre une amélioration globale de la rentabilité technique de la non-vie (95,9%) avec un point plutôt positif sur l'activité santé. Le rapport l'ACPR (reproduit ci-dessous) révèle que si l'activité santé retrouve de l'air, la prévoyance dérape. En effet les primes en santé augmentent de +4,3%, soit bien plus rapidement...
Lire plus

Bébéar, l’époque glorieuse où le capitalisme français voyait loin, par Eric Verhaeghe

Quand je suis arrivé dans le secteur de l'assurance en 2007, le nom de Claude Bébéar était encore sur toutes les lèvres. Bien qu'il ait transmis les rênes opérationnelles d'AXA depuis plusieurs années, sa présence demeurait. C'était plus qu'une influence ; c'était une atmosphère. La figure tutélaire de Claude Bébéar structurait l'ensemble de la place. ...