Le nouveau passe sanitaire pourrait être suspendu dès demain

Le passe sanitaire obligatoire dans de nombreux endroits depuis le 21 juillet pourrait bien être suspendu par le Conseil d’Etat. En effet, la base juridique du décret qui impose le nouveau passe sanitaire dans les lieux de culture et de loisirs (entre autres) est plus que douteuse.

N’oublions pas que la loi qui généralise vraiment le passe sanitaire est encore en discussion à l’Assemblée et au Sénat. Elle doit encore passer des étapes clefs, comme celle de son vote puis de l’examen de son contenu par le Conseil constitutionnel (dont Jean Castex a annoncé la saisine). Ce n’est pas sur le fondement de cette loi encore en création que le décret du 19 juillet 2021 déjà appliqué depuis le 21 juillet a été pris. C’est sur le fondement de la loi relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire du 31 mai 2021, et c’est bien là que se trouve la faille juridique.

Le Conseil d’Etat doit ainsi se prononcer en référé le 23 juillet, à partir de 15h, sur la légalité de l’arrêté. Une décision hautement attendue alors que la CNIL vient d’émettre une série de mises en garde sur l’extension du passe sanitaire.

Le passe sanitaire actuel ne devrait s’imposer qu’aux grands rassemblements

De nombreux juristes se sont offusqués, à juste titre, de la parution du décret du 19 juillet 2021. Et pour cause, la loi sur la base de laquelle est pris l’arrêté autorise l’application d’un tel passe sanitaire seulement pour les “lieux, établissements ou événements impliquant de grands rassemblements de personnes“. Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, un passe sanitaire est mis en place pour certains lieux rassemblant au moins 1000 personnes (article 47-1, II du décret du 1er juin 2021). Dans ce cadre la notion de grand rassemblement prévu par la loi est compréhensible.

Or, le décret applicable depuis le 21 juillet dernier abaisse le seuil de 1000 à 50 personnes. Peut-on vraiment dire qu’un rassemblement de plus de 50 personnes est un grand rassemblement ? La question mérite amplement d’être posée et le Conseil d’Etat devra y répondre. Il sera intéressant de voir à quel niveau le Conseil d’Etat place le curseur du grand rassemblement. Le gouvernement devra peut-être augmenter le seuil à un niveau de population plus élevé.

La décision du Conseil d’Etat devrait également porter sur le caractère proportionnel de l’imposition du passe sanitaire dans les lieux concernés avec l’objectif recherché. En effet, la plupart des lieux visés étaient déjà soumis à l’obligation de porter un masque avant la publication du décret du 19 juillet. Il est difficile de croire que limiter l’accès aux seuls détenteurs d’un passe sanitaire tout en leur autorisant à ôter leur masque (oui, la fin du port du masque est bien prévue par l’arrêté) permette de limiter les risques sanitaires liés au covid-19. La question mérite d’être posée.

L’autre point sur lequel le Conseil d’Etat doit se prononcer est celui de la sécurité juridique. En l’occurrence, le décret semble s’écarter des termes de la loi relative à la sortie de crise sanitaire.

La position du Conseil d’Etat est donc fortement attendue.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

Un budget social 2026 en suspens

Hier, avant la prise de parole du Premier ministre François Bayrou devant la presse nationale, nous faisions état des incidences possibles, sur le budget social 2026 de la nation, de la méthode de travail qu'il allait pouvoir mettre en œuvre afin de faire accepter par le Parlement tout ou partie de ses orientations d'économies budgétaires. ...

Avis d’extension d’un accord dans le cadre de la CCN des hôtels, cafés, restaurants

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 19 août 2025, les dispositions de l'accord du 21 mai 2025 relatif à l'emploi et maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des hôtels, cafés, restaurants du 30 avril 1997 (...

Avis d’extension d’accords dans le cadre de la CCN des salariés des cabinets d’avocats

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 19 août 2025, les dispositions de 2 accords du 2 juillet 2025 relatifs à la formation professionnelle et au régime d'épargne retraite obligatoire, conclus dans le cadre de la convention collective nationale du personnel salarié des cabinets d’avocats (...

Avis d’extension d’avenants prévoyance et santé dans les domaines médico-techniques

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 19 août 2025, les dispositions de 2 avenants du 19 juin 2025 relatifs aux régimes complémentaires de prévoyance et de frais de santé et à la classification des emplois, conclus dans le cadre de la convention collective nationale du négoce et prestations de services dans les domaines...

Avis d’extension d’un avenant frais de santé dans la CCN du personnel des industries du cartonnage

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 19 août 2025, les dispositions de l’avenant n° 4 du 4 juillet 2025 à l'avenant n° 152 du 5 octobre 2015 relatif à la complémentaire santé, conclu dans le cadre de la convention collective nationale pour le personnel des industries de cartonnage du 9 janvier 1969 (...