Le conflit des routiers à un tournant

Nous évoquions en début de semaine le climat social délétère de la branche du transport et plus particulièrement les enjeux de la grève dans laquelle se lançaient certains chauffeurs routiers. Le scenario redouté de la radicalisation du conflit peut désormais être sérieusement envisagé. 

Alors que les responsables de l’intersyndicale se disent satisfaits de l’ampleur du mouvement de grève, les employeurs du secteur font la sourde oreille. Il refusent non seulement de proposer plus de 2 % d’augmentation des minima mais ils ont même décidé de ne pas participer aux discussions que les pouvoirs publics voulaient susciter, dans la nuit de mardi à mercredi ainsi que dans la journée de jeudi. La forme le dispute au fond… 

Face à cette attitude de mépris, les syndicats de salariés se veulent offensifs. L’intersyndicale prend acte de la “déclaration de guerre” qui lui est adressée par le patronat et prévoit que les “suites du mouvement [vont prendre] nécessairement une autre tournure”. La menace se veut d’autant plus lourde que la CFDT, première organisations syndicale du secteur mais qui s’était jusqu’à mercredi tenue éloignée du conflit, semble prête à oeuvrer au déclenchement d’un “conflit majeur”.  

Toutefois, derrière cette façade offensive, des doutes se font jour. Ainsi, dès mardi soir, des blocages ont dû être levés ici ou là. “Provisoirement” affirment bien les représentants des salariés, en attendant d’improbables négociations… ou plutôt pour faire retomber les tensions entre grévistes et non-grévistes. Nous y voilà en réalité : les transporteurs routiers considèrent que les positions des grévistes ne sont pas assez solides et misent sur le pourrissement du conflit.  

L’intersyndicale doit se réunir ce matin pour décider des suites qu’elle entend donner au conflit. Si la CFDT continue à donner des signes qui laissent penser qu’elle peut s’engager dans le mouvement, alors l’intersyndicale risque d’appeler à un durcissement du conflit. Les non-grévistes seraient certes toujours majoritaires dans le pays mais il n’y a pas besoin de centaines de milliers de camions pour bloquer tout à fait les grandes infrastructures de transport. 

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