La CFE-CGC fait de la défense de l’emploi sa priorité

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat la CFE-CGC

Prélèvement à la source, pacte de responsabilité, projet de loi El Khomri, transformation numérique et vie au travail, digitalisation de l’économie : Alain Giffard fait le point sur les grands dossiers d’actualité du portefeuille Économie et Industrie. Le secrétaire national de la CFE-CGC plébiscite par ailleurs l’application Made in Emplois pour la préservation et la création d’emplois en France. 

Quel regard portez-vous sur l’application Made in Emplois, développée en partenariat par la CFE-CGC et Charles Huet, auteur du “guide des produits made in emplois” ? 

Défendre l’emploi en France est un axe prioritaire pour la CFE-CGC. Très attachée à cette thématique du made in France, la Confédération a donc soutenu dès le départ puis accompagné le développement de l’application Made in Emplois car une organisation comme la nôtre, qui défend des salariés – techniciens, agents de maîtrise, cadres et agents des fonctions publiques – défend en premier lieu l’emploi, le pouvoir d’achat et la qualité de vie au travail, à mon sens les trois piliers de l’action syndicale. Made in Emplois, ce sont des produits fabriqués par des salariés en France. Cette application permet à chacun de devenir consom’acteur et de mettre en adéquation ses achats avec les emplois correspondant, ce aux quatre coins de l’Hexagone. Cette collaboration est fructueuse car elle permet également de retrouver le nom de nos délégués syndicaux CFE-CGC dans les entreprises.  

“La CFE-CGC s’oppose au prélèvement libératoire par l’employeur qui aurait dès lors connaissance de la situation fiscale du salarié” 

Le ministre des Finances, Michel Sapin, a confirmé que le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2018, serait effectué dans la très grande majorité des cas par les employeurs. Quelle est la position de la CFE-CGC ? 

S’agissant du prélèvement à la source, nous serons entendus le 19 avril par Christian Eckert (Secrétaire d’État chargé du Budget) qui a souhaité nous revoir sur le sujet. Nous avons conscience que le dispositif présente plusieurs avantages pour un certain nombre de salariés. Le prélèvement à la source facilité notamment la gestion budgétaire, même si tous les outils existent aujourd’hui concernant les ruptures de revenus. Ce qui nous interpelle, c’est le prélèvement libératoire qui va être effectué par l’employeur. La CFE-CGC y est totalement opposée car l’employeur aura dès lors connaissance de la situation fiscale du salarié. Le risque existe que ce surplus d’informations défavorise le salarié en cas de négociations salariales. Ce point affecterait notamment l’encadrement qui, en règle générale, est assujetti à l’individualisation des augmentations de salaire. Autre point de vigilance pour nous : la préfiguration d’une future possible fusion entre la contribution sociale généralisée (CSG), un impôt proportionnel, et l’impôt sur le revenu, qui est lui progressif. Une fusion ferait de la CSG un impôt progressif et serait clairement préjudiciable pour les classes moyennes. De plus, cette fusion entraînerait de fait la fusion des budgets de la protection sociale et celui de l’État. Or, je rappelle que le moins déficitaire des deux est celui de la protection sociale, grâce à la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES). Enfin, attention à un éventuel frein psychologique à la consommation lié, la première année, à la mise en place du prélèvement à la source avec des fiches de paye en baisse de 5, 7, 10 ou 15 %… Le pacte de responsabilité, que la CFE-CGC avait refusé de signer en 2014, poursuit son déploiement avec une nouvelle phase d’allègements des cotisations patronales.  

Que faut-il en attendre en matière d’emploi ?  

La CFE-CGC rappelle qu’elle est prête à soutenir une politique de l’offre si les aides octroyées permettent aux entreprises d’investir, de recruter ou de mieux partager la valeur ajoutée. Censé rendre les entreprises plus compétitives et créer les conditions de la création d’emplois, le pacte de responsabilité et sa mise en œuvre nous laissent aujourd’hui dubitatifs quant aux effets sur l’emploi de ces dispositifs. S’il convient d’attendre les résultats des travaux d’analyse demandés par le Premier ministre pour le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rappelons que les baisses de charges consenties au patronat depuis vingt ans n’ont pas enrayé la courbe du chômage, malgré les promesses du Medef et d’autres ! Nous sommes prêts à soutenir une politique de l’offre utile qui repose sur une logique gagnant-gagnant entre les entreprises et les salariés. C’est pourquoi nous demandons un bilan global des aides aux entreprises pour savoir lesquelles permettent réellement de créer de l’emploi en France. 

“Nous vivons une révolution digitale dont les outils vont avoir des conséquences sur le management des salariés et sur l’organisation du travail” 

Que vous inspire le très controversé projet de loi El Khomri, pour lequel la CFE-CGC organisera un rassemblement national le 3 mai à Paris ? Alors que la volonté gouvernementale de départ était de simplifier le code du travail, il me semble, en l’état, que l’on va énormément le complexifier. Par ailleurs, certains dispositifs du texte sont inacceptables comme les critères de licenciement économique et le référendum d’entreprise. Sous prétexte de démocratie sociale, le gouvernement souhaite introduire le référendum d’entreprise pour contourner les organisations syndicales qui refuseraient de signer un accord. Ce changement majeur dans les règles sur le dialogue social porte atteinte à la crédibilité des syndicats. 

Rapport Mettling, rapport Terrasse etc. Comment la CFE-CGC se positionne-t-elle face à la transformation numérique du travail et à la digitalisation de l’économie ?  

La CFE-CGC a salué le travail conduit à l’occasion de la remise, fin 2015, du rapport Mettling, introductif à de plus grands débats. Nous avons bien conscience que le numérique transforme l’entreprise et ses acteurs dans son ensemble. Notre organisation prend et prendra toute sa part dans les discussions sur la digitalisation de l’économie, y compris sur le sujet de l’encadrement, et sur le développement de l’économie collaborative (rapport Terrasse). Nous vivons une révolution digitale dont les outils, tout en apportant une aide dans la gestion du quotidien et en permettant des gains de productivité, vont aussi avoir des conséquences sur le management des salariés et sur l’organisation du travail dans de nombreux métiers. Il faut donc être capable, dans les métiers d’aujourd’hui et de demain, d’apporter de la plus-value, du service et de la qualité. Le meilleur conseil que l’on peut donner à nos adhérents et à nos militants, c’est celui-ci : formez-vous, formez-vous et formez-vous ! 

 

Cet article a été initialement publié sur le site dusyndicat la CFE-CGC 

 

Prélèvement à la source, pacte de responsabilité, projetde loi El Khomri, transformation numérique et vie au travail, digitalisation del’économie : Alain Giffard fait le point sur les grands dossiersd’actualité du portefeuille Économie et Industrie. Le secrétaire national de laCFE-CGC plébiscite par ailleurs l’applicationMade in Emplois pour la préservation et la création d’emplois en France.Quel regard portez-vous sur l’application Made in Emplois, développée enpartenariat par la CFE-CGC et Charles Huet, auteur du “guide des produits made inemplois” ? Défendre l’emploi en France est un axe prioritaire pour la CFE-CGC. Trèsattachée à cette thématique du made in France, la Confédération a donc soutenudès le départ puis accompagné le développement de l’application Made in Emploiscar une organisation comme la nôtre, qui défend des salariés – techniciens,agents de maîtrise, cadres et agents des fonctions publiques – défend enpremier lieu l’emploi, le pouvoir d’achat et la qualité de vie au travail, àmon sens les trois piliers de l’action syndicale. Made in Emplois, ce sont des produits fabriqués par des salariés en France. Cetteapplication permet à chacun de devenir consom’acteur et de mettre enadéquation ses achats avec les emplois correspondant, ce aux quatre coins del’Hexagone. Cette collaboration est fructueuse car elle permet également deretrouver le nom de nos délégués syndicaux CFE-CGC dans les entreprises. “La CFE-CGC s’oppose au prélèvement libératoire par l’employeur qui auraitdès lors connaissance de la situation fiscale du salarié”Le ministre des Finances, Michel Sapin, a confirmé que le prélèvement à lasource de l’impôt sur le revenu, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier2018, serait effectué dans la très grande majorité des cas par les employeurs.Quelle est la position de la CFE-CGC ?S’agissant du prélèvement à la source, nous serons entendus le 19 avril parChristian Eckert (Secrétaire d’État chargé du Budget) qui a souhaité nousrevoir sur le sujet. Nous avons conscience que le dispositif présente plusieursavantages pour un certain nombre de salariés. Le prélèvement à la sourcefacilité notamment la gestion budgétaire, même si tous les outils existentaujourd’hui concernant les ruptures de revenus. Ce qui nous interpelle, c’est le prélèvement libératoire qui va être effectuépar l’employeur. La CFE-CGC y est totalement opposée car l’employeur auradès lors connaissance de la situation fiscale du salarié. Le risque existe quece surplus d’informations défavorise le salarié en cas de négociationssalariales. Ce point affecterait notamment l’encadrement qui, en règlegénérale, est assujetti à l’individualisation des augmentations de salaire.Autre point de vigilance pour nous : la préfiguration d’une futurepossible fusion entre la contribution sociale généralisée (CSG), un impôtproportionnel, et l’impôt sur le revenu, qui est lui progressif. Une fusionferait de la CSG un impôt progressif et serait clairement préjudiciable pourles classes moyennes. De plus, cette fusion entraînerait de fait la fusion desbudgets de la protection sociale et celui de l’État. Or, je rappelle que lemoins déficitaire des deux est celui de la protection sociale, grâce à laCaisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES). Enfin, attention à un éventuel frein psychologique à la consommation lié, lapremière année, à la mise en place du prélèvement à la source avec des fichesde paye en baisse de 5, 7, 10 ou 15 %…Le pacte de responsabilité, que la CFE-CGC avait refusé designer en 2014, poursuit son déploiement avec une nouvelle phase d’allègementsdes cotisations patronales. Que faut-il en attendre en matière d’emploi ? La CFE-CGC rappelle qu’elle est prête à soutenir une politique de l’offresi les aides octroyées permettent aux entreprises d’investir, de recruter ou demieux partager la valeur ajoutée. Censé rendre les entreprises plus compétitives et créer les conditions de lacréation d’emplois, le pacte de responsabilité et sa mise en œuvre nouslaissent aujourd’hui dubitatifs quant aux effets sur l’emploi de cesdispositifs. S’il convient d’attendre les résultats des travaux d’analysedemandés par le Premier ministre pour le Crédit d’impôt pour la compétitivitéet l’emploi (CICE), rappelons que les baisses de charges consenties au patronatdepuis vingt ans n’ont pas enrayé la courbe du chômage, malgré les promesses duMedef et d’autres ! Nous sommes prêts à soutenir une politique de l’offre utile qui repose sur unelogique gagnant-gagnant entre les entreprises et les salariés. C’est pourquoinous demandons un bilan global des aides aux entreprises pour savoir lesquellespermettent réellement de créer de l’emploi en France.“Nous vivons une révolution digitale dont les outils vont avoir desconséquences sur le management des salariés et sur l’organisation dutravail”Que vous inspire le très controversé projet de loi El Khomri, pour lequel laCFE-CGC organisera un rassemblement national le 3 mai à Paris ? Alors que la volonté gouvernementale de départ était de simplifier lecode du travail, il me semble, en l’état, que l’on va énormément lecomplexifier. Par ailleurs, certains dispositifs du texte sont inacceptables comme lescritères de licenciement économique et le référendum d’entreprise. Sousprétexte de démocratie sociale, le gouvernement souhaite introduire leréférendum d’entreprise pour contourner les organisations syndicales quirefuseraient de signer un accord. Ce changement majeur dans les règles sur ledialogue social porte atteinte à la crédibilité des syndicats.Rapport Mettling, rapport Terrasse etc. Comment la CFE-CGCse positionne-t-elle face à la transformation numérique du travail et à ladigitalisation de l’économie ? La CFE-CGC a salué le travail conduit à l’occasion de la remise, fin 2015, durapport Mettling, introductif à de plus grands débats. Nous avons bienconscience que le numérique transforme l’entreprise et ses acteurs dans sonensemble. Notre organisation prend et prendra toute sa part dans lesdiscussions sur la digitalisation de l’économie, y compris sur le sujet del’encadrement, et sur le développement de l’économie collaborative (rapportTerrasse).Nous vivons une révolution digitale dont les outils, tout en apportant une aidedans la gestion du quotidien et en permettant des gains de productivité, vontaussi avoir des conséquences sur le management des salariés et surl’organisation du travail dans de nombreux métiers. Il faut donc être capable, dans les métiers d’aujourd’hui et de demain,d’apporter de la plus-value, du service et de la qualité. Le meilleur conseilque l’on peut donner à nos adhérents et à nos militants, c’est celui-ci :formez-vous, formez-vous et formez-vous ! 

 

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