La nouvelle étude diffusée par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) montre que la santé mentale des cadres et managers est une préoccupation qui devrait être centrale pour les entreprises. Le document donne à lire une analyse de risque approfondie à destination des entreprises et des professionnels de la de la protection sociale collective. Il en ressort que la santé mentale des cadres est bien plus éprouvée que celle des salariés non-cadres.

Cette dichotomie entre cadres et non-cadres s’explique par des causes systémiques mises en avant par l’étude de l’Apec (disponible en fin d’article). Les entreprises ont tout intérêt à s’y pencher car il en va de leur responsabilité. En parallèle les organismes assureurs ont un rôle central à jouer dans l’accompagnement des entreprises et des salariés face aux risques liés à la santé mentale.
La santé mentale : risque silencieux subi par des cadres en première ligne
Les données compilées par l’Apec sont claires : un tiers des cadres subissent fréquemment stress intense, anxiété ou épuisement. La surcharge de travail est le premier facteur de dégradation de leur santé mentale, suivie de près par le sentiment d’épuisement professionnel. Le chiffre le plus alarmant est que 2/3 des cadres à la santé mentale dégradée n’ont pas eu d’arrêt de travail au cours des 12 mois précédent l’étude. L’analyse de l’Apec souligne par ailleurs une vulnérabilité accrue chez les femmes cadres et les plus jeunes.

Les managers sont au cœur de la tourmente, décrits comme étant à la fois vigies et parfois les premières victimes. Ils sont plus exposés au stress intense que les cadres non-managers (58% contre 52%). Si 9 managers sur 10 estiment avoir un rôle à jouer dans la prévention, ils sont nombreux à se sentir démunis : 69% jugent difficile de trouver des solutions face à un collaborateur en souffrance et près de la moitié (49%) craignent d’être maladroits en abordant le sujet.
Cette situation est aggravée par une forte culture du silence. 57% des managers pensent qu’exprimer ses difficultés fait perdre en légitimité, et 39% craignent que cela ne freine leur évolution de carrière. Cette pression est renforcée par une culture du sur-engagement, où se dépasser est une valeur essentielle. Le constat le plus marquant reste que plus de la moitié des managers en difficulté (52 %) déclarent n’avoir reçu aucune aide de leur propre hiérarchie.

Bien que les entreprises soient perçues comme plus attentives au sujet, les actions qu’elles déploient sont jugées peu concrètes et davantage liées au bien-être au travail qu’aux vrais facteurs de risques d’après l’étude. Ce sentiment est partagé par les cadres, dont seulement 26% estiment que leur organisation agit réellement sur le sujet de la santé mentale. Les cadres managers sont moins sévères et sont 31% à trouver que leur entreprise prend au sérieux les problèmes de santé mentale.