A l’AGIRC-ARRCO, un accord de défense du paritarisme face à l’étatisation de la protection sociale

Pro-BTP travaux publics

Après un mois de négociations paritaires sur les règles de fonctionnement de l’AGIRC-ARRCO pour la période 2023-2026, les partenaires sociaux – MEDEF, CPME et U2P côté patronal et CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC côté salarial – ont réussi à finaliser, dans la nuit, un projet d’accord sur ce thème.

retraite

Ce projet d’accord sur l’AGIRC-ARRCO peut être lu comme exprimant la volonté des partenaires sociaux, pour ce qui concerne l’organisation et la gestion de la protection sociale, de défendre le paritarisme face au rouleau compresseur de l’étatisation.

Fin du malus et revalorisation des pensions

Le projet d’accord paritaire sur les paramètres de l’AGIRC-ARRCO pour la période 2023-2026 contient principalement deux dispositions. D’une part, comme ceci était très prévisible, il prévoit la fin du malus institué en 2019 afin d’encourager les travailleurs à demeurer sur le marché du travail même s’ils pouvaient prétendre à une pension à taux plein. Le malus cessera de s’appliquer à compter de décembre pour les nouveaux retraités puis d’avril pour l’ensemble des retraités qu’il concerne actuellement.

D’autre part, les partenaires sociaux ont trouvé à s’accorder sur une revalorisation de 4,9 % des pensions au 1er novembre prochain – soit le niveau de l’inflation. Pour les exercices 2024 à 2026, les taux de revalorisation des pensions de retraite complémentaire devraient, aux termes du projet d’accord, être inférieurs de 0,4 point à ceux de l’inflation mais avec une possibilité accordée au conseil d’administration de l’AGIRC-ARRCO de décider, si besoin et en fonction de la conjoncture économique et sociale, de les réévaluer au niveau de l’inflation.

Le refus paritaire d’une ponction étatique sur l’AGIRC-ARRCO

Ainsi donc, les partenaires sociaux n’ont pas répondu favorablement à la demande clairement formulée par l’Etat ces dernières semaines de la mise en œuvre d’une contribution de l’AGIRC-ARRCO au financement du régime général – soit, plus précisément, d’une participation au financement de la revalorisation des “petites pensions” prévue par la dernière réforme des retraites. Ils réaffirment ainsi que, de leur point de vue, les cotisations de l’AGIRC-ARRCO doivent financer uniquement des droits internes au régime.

De fait, c’est cette position de fermeté vis-à-vis des demandes étatiques qui vient garantir aux gestionnaires de l’AGIRC-ARRCO de disposer de moyens suffisants pour leur politique de revalorisation des pensions. En effet, si l’on en croit les chiffres qui circulent ici ou là, l’acceptation des demandes de l’Etat – entre un et trois milliards par an jusqu’en 2030, pour rappel – reviendrait à priver le régime de la possibilité de revaloriser chaque année les pensions de 1,1 à 3,3 points. Les partenaires sociaux ont refusé une telle rigueur budgétaire.

Une réaffirmation paritaire contre l’étatisme macronien

Ce faisant, ils ont ainsi profité de la négociation AGIRC-ARRCO pour réaffirmer pleinement que c’est de manière autonome de l’Etat et de ses injonctions, autrement dit : de manière proprement paritaire, qu’ils entendent opérer l’organisation et la gestion de la retraite complémentaire des salariés du secteur privé. Cette attitude rappelle celle que les partenaires sociaux ont adoptée s’agissant de la renégociation annoncée des paramètres de l’assurance chômage – et dans le cadre de laquelle ils ont, là encore, refusé une ponction de l’Etat. Le patronat et les syndicats rejettent de plus en plus ouvertement l’étatisation du social promue par le pouvoir macronien.

Les appuis parlementaires de l’exécutif n’étant pas très solides, il est tout à fait envisageable que le refus paritaire de la mise à contribution de l’AGIRC-ARRCO soit suivi d’effet. Pour les partenaires sociaux, infliger un tel camouflet à l’exécutif supposerait, certes, une validation qui soit la plus large possible du projet d’accord proposé à leur signature. Ils ont jusqu’à mercredi pour se prononcer sur ce point.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...