Officiellement, le gouvernement continue sa “concertation” avec les partenaires sociaux au sujet de la réforme des retraites – aujourd’hui encore, Elisabeth Borne, le Premier ministre, reçoit ainsi plusieurs dirigeants syndicaux afin d’aborder ce sujet avec eux.
En réalité, il devient de plus en plus évident que l’exécutif entend se donner les moyens de pouvoir passer en force sur ce dossier.
Le calendrier très serré de la réforme des retraites
Alors que la “concertation” avec les partenaires sociaux n’est pas encore terminé, il est acquis que les principales mesures du projet gouvernemental de réforme des retraites seront présentées à partir de la semaine prochaine : aux représentants des différentes forces parlementaires en premier lieu, les 13 et 14 décembre, puis à la presse, le 15 décembre. A la suite de ces présentations officielles, un projet de loi en bonne et due forme sera soumis au Conseil des Ministres au début en janvier, en vue d’un examen parlementaire dans la foulée et d’une entrée en vigueur dès l’été prochain.
Bien que le sujet soit très sensible et qu’il mériterait donc un vrai débat démocratique, le Président de la République mise, en somme, sur une réforme menée à la hussarde.
La perspective du 49-3
La forme retenue par l’exécutif pour l’examen parlementaire du texte en témoigne d’ailleurs. En faisant le choix d’un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif (PLFSSR), il se laisse la possibilité de recourir, une nouvelle fois, au 49-3. Ceci ne “doit pas être un tabou” a ainsi estimé, ce matin sur LCI, Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale – qui, à l’évidence, s’accommode très bien de voir le Parlement se faire piétiner en permanence par l’exécutif.
Trop affaibli pour pouvoir se passer du 49-3, Emmanuel Macron paraît pourtant sous-estimer les risques qu’il encourt à le mobiliser pour un texte aussi important que la réforme des retraites.
20 à 30 milliards d’économies sur le dos des travailleurs
Il faut dire que, pour l’exécutif, cette réforme est essentielle dans l’objectif de dégager des marges budgétaires. D’après les premiers chiffrages présentés aux partenaires sociaux, cités par le Monde, ce sont en effet, en fonction de la borne retenue pour l’âge du départ à la retraite, entre 20 et 30 milliards d’euros d’économies qu’il escompte d’ici 2035. Incapable de concevoir et d’organiser un redressement de l’appareil énergétique et productif national, le gouvernement entend ainsi imposer une double peine aux travailleurs, en les mettant lourdement à contribution pour financer les milliards qu’il dépense tous azimuts ces derniers temps.
Les prochains mois promettent d’être très animés partout dans le pays.