Crise sociale et politique : Laurent Berger (CFDT) mis sur la touche par l’exécutif

Invité hier de l’émission “Questions politiques”, co-organisée par l’audiovisuel public et par le Monde, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a pu livrer son analyse de la situation sociale et politique du pays au lendemain d’une nouvelle journée de mobilisation des “gilets jaunes”.

 

Il a notamment révélé être tout à fait mis sur la touche par le Président de la République dans le cadre de la gestion du conflit. 

Des coups fort bien retenus

En guise de commentaire sur le fond au mouvement des “gilets jaunes”, Laurent Berger a, certes, dû constater que leur mobilisation soulevait d’indéniables problèmes. “Il est posé les questions du pouvoir d’achat, de fiscalité, de l’accessibilité à un service public, à un certain nombre de droits qui sont créé auxquels on n’a pas accès. Il faut trouver les solutions pour répondre à ces problèmes-là” a-t-il par exemple estimé. Le patron de la CFDT a toutefois tenu à bien préciser que ces problèmes se posaient depuis longtemps, plus de “18 mois” en tout cas. Autrement dit, pour M. Berger, si Emmanuel Macron a bel et bien une part de responsabilité dans la situation actuelle, elle mérite d’être quelque peu relativisée. Le Président de la République pouvait souffler : à la CFDT, on n’a, décidément, jamais l’uppercut facile.  

La CFDT et son légitimisme à toute épreuve

Cette impression était d’ailleurs renforcée par les multiples condamnations, par Laurent Berger, des “violences” qui ont lieu au cours des manifestations de “gilets jaunes”. Il a ainsi déploré les appels à la démission du Président de la République : “ça n’a pas lieu d’être, car il est élu, et il a 5 ans pour travailler devant lui”. De la même manière, M. Berger a vivement dénoncé l’intrusion manifestante dans les locaux du secrétariat d’Etat aux Relations au Parlement : “C’est factieux. On a en face de nous des gens qui veulent renverser la démocratie”. Bien lancé dans ses génuflexions, le secrétaire général de la CFDT a cru bon de devoir dire tout le mal qu’il pensait des “gilets jaunes” : “Pour une partie du mouvement des “gilets jaunes”, c’est un mouvement réactionnaire, et j’assume mes propos. Donc cela n’a rien à voir [avec mai 1968]”.  

Une cour cédétiste bien infructueuse

A entendre ces jugements compréhensifs de Laurent Berger à l’égard du pouvoir en place, on pouvait finalement imaginer qu’ils résultaient d’une volonté du patron de la CFDT de ne pas rompre le dialogue avec le chef de l’Etat. En réalité : même pas ! Comme l’a affirmé le principal intéressé, à la grande surprise des journalistes présents sur le plateau, il n’a eu aucun contact direct avec le Président de la République depuis le 10 décembre dernier. En somme, Laurent Berger s’efforce de demeurer très conciliant avec le chef de l’Etat alors que ce dernier ne fait aucunement mystère du peu d’importance qu’il accorde à l’avis de la CFDT. On s’interrogera légitimement sur les raisons de l’attitude cédétiste. On comprendra plus aisément, en tout cas, les raisons qui ont conduit M. Macron à s’empêtrer dans la situation qui est la sienne aujourd’hui… 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...