Le Canard Enchaîné du 8 avril révèle une amusante affaire actuellement plaidée au tribunal correctionnel de Paris: un syndicaliste FO dans la branche du travail temporaire (après un passage dans la branche du commerce) aurait détourné plus d’un million d’euros de cotisations et de subventions à son profit.
L’article détaille quelques-unes de ces opérations malhonnêtes. La branche du commerce avait par exemple créé une structure appelée ADESATT, dédiée à l’étude du temps de travail. A ce titre, la FEC-FO a au moins touché 468.000 euros qui auraient échoué dans les poches du contrevenant. Pour que sa fédération n’y voit que du feu, il fallait que les sommes globales destinées à l’organisation soient bien supérieures… Dans le travail temporaire, le syndicaliste indélicat récupère à titre personnel 156.000 euros versés par Randstad, 38.000 euros versés par Adecco, 144.000 euros versés par Manpower.
Plus amusant encore, le pied-nickelé décide de créer de faux syndicats FO pour optimiser ses placements. Il parvient ainsi à soustraire 119.000 euros à Malakoff-Médéric, qui est la seule victime de ses détournements à s’être portée partie civile.
C’est précisément ce point qui étonne. Les financeurs des organisations syndicales ont rasé les murs dans le dossier et n’ont pas estimé utile de demander à la justice d’enquêter sur ces malversations. A la manière de l’antilope qui traverse un troupeau de lions endormis, et en dehors de Malakoff qui a bombé le torse, les généreux donateurs lèvent le nez au ciel ou plongent le regard sur le bout de leurs chaussures comme si de rien n’était. Bizarre, comme c’est bizarre…
Les chiffres évoqués permettent en tout cas d’étalonner le marché de la fluidification du dialogue social. Les tickets versés pour s’attirer les bonnes grâces des organisations syndicales se situent globalement entre 120.000 et 160.000 euros. Le recours à des associations bidons continue à être un mode d’action privilégié. On aurait aimé que la justice nous en dise un peu plus, néanmoins, sur les dessous de cette affaire.