Dans son rapport rendu public en septembre, la Cour des comptes souhaite contenir la dynamique des dépenses tout en améliorant l’accès aux soins. Et elle pointe du doigt un secteur où la médecine libérale accuse un sévère retard : l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM).
Les français seraient donc un peu hypocondriaques ? C’est la formule choc que le public entend depuis plusieurs années (même si son bien fondé peut être remis en question). Seulement voilà, les services se retrouvent surchargés par des contrôles de confort et ces derniers sont très onéreux. Et malheureusement, les IRM ne sont pas épargnées.
La France, championne du Monde de l’IRM
Dans son rapport sur la sécurité sociale, la Cour des comptes pointe du doigt “des actes supplémentaires dont la pertinence est imparfaitement assurée”. Un manque de communication entre les différents corps de médecine, amène une multiplication d’examens inutiles pour de mêmes patients. En 2013, la France figurait parmi les nations ayant le plus recours à l’IRM pour l’exploration des lésions des membres avec plus de 40% d’utilisation. A titre d’exemple, la Belgique était à 25%, l’Allemagne à 8,2% et les Etats-Unis à 24%.
En France, il faut attendre en moyenne 30 jours pour une IRM. L’objectif fixé par le plan cancer est de 21 jours.
Une utilité remise en question
Mais ces actes coûtent cher. Le forfait de remboursement pour un scanner est de 94€ ; 172€ pour une IRM à Paris. Ces révisions à la baisse n’ont porté que sur 20 millions d’euros des dépenses, beaucoup trop peu par rapport au déficit total (4,4 milliards d’euros cumulés entre le régime général et le fonds de solidarité vieillesse). De ce fait, à l’heure où se multiplient les coupes budgétaires, ces taux de remboursement en baisse pour les praticiens conduisent à la fermeture de petits cabinets. Il en résulte des temps d’attente bien au-delà des moyennes acceptables pour des IRM.
Alors quand bien même l’IRM est salvatrice par sa capacité à détecter presque la totalité des cancers connus, la Cour des comptes appelle à une utilisation raisonnée. La faute donc, au patient, qui informé et désinformé par les avis sur Internet, n’hésite plus à faire pression sur son médecin pour obtenir une prescription. Mais ce dernier a aussi ses torts. Et si le principe de précaution est aujourd’hui souverain, un renforcement de la formation continue des praticiens et de meilleurs moyens de transmission des informations pourrait permettre des améliorations.