La Drees vient de publier une étude courte mais instructive sur le degré de connaissance de la réforme du reste à charge zéro (Rac0 ou 100% santé). Une information importante en ressort : 49% des français devraient y avoir recours en 2022.
La Drees préfère mettre l’accent sur le degré de connaissance de la réforme du Rac0 par les français et met en avant le fait que seulement 53% des français en avaient entendu parler à la fin 2021. Mais selon nous, deux informations essentielles découlent de cette étude (reproduite intégralement en fin d’article).
Information 1 : 49% des français veulent utiliser le Rac0 en 2022
Comme le montre le graphique reproduit ci-dessus, presque la moitié des assurés français envisage de recourir à une prestation prise en charge dans le cadre de la réforme en 2022. Cette tendance nous est confirmée par les professionnels du secteur qui constatent une nette montée en charge des dépenses liées au Rac0. Il est intéressant de voir que les personnes les mieux informées sur le dispositif sont celles qui sont les plus nombreuses à prévoir de bénéficier d’au moins une prestation remboursée intégralement. Inversement, on constate que les personnes qui n’ont pas du tout entendu parler de la réforme sont les moins nombreuses à vouloir utiliser le Rac0 en 2022.
On regrette que la Drees n’ait pas posé une question cruciale à ces personnes : à combien de prestations Rac0 ces 49% de français pensent recourir en 2022 ? Effectivement, pour les professionnels de la complémentaire santé, si une personne ne fait qu’acquérir une paire de lunettes entrant dans le dispositif, la dépense est beaucoup moins importante que si cette même personne se fait également poser 4 prothèses dentaires ou acquiert 2 prothèses auditives. Les organismes d’assurance santé font donc face à une grande incertitude sur le recours au Rac0. S’il était attendu que les dépenses liées à la réforme soient en hausse, l’amplitude de cette augmentation reste inconnue.
Information 2 : les bénéficiaires du Rac0 sont vulnérables et en mauvaise santé
Malgré le fait que la Drees n’ait pas demandé aux personnes interrogées à combien de prestations Rac0 elles pensaient avoir recours en 2022, les autres questions posées donnent quelques indices. Les réponses confirment d’ailleurs que la réforme du 100% santé commence à atteindre son objectif principal : mettre fin au renoncement aux soins. En effet, les données rapportées par l’étude indiquent que les personnes qui entendent bénéficier de la réforme en 2022 sont les moins aisées financièrement. Parmi les 20% de français les plus modestes, 51% entendent clairement bénéficier de la réforme. Cette part passe à 42% pour les 20% de français du quintile supérieur. Elle tombe ensuite à 32, 30 et 21% pour les 3 quintiles suivants.
En parallèle, ce sont les français en moins bonne santé qui sont les plus enclins à vouloir bénéficier du Rac0. 55% des français en mauvaise ou très mauvaise santé disent ainsi vouloir bénéficier de la réforme en 2022. Cette part passe à 48% pour les français qui jugent leur état de santé moyen. Puis elle passe à 34 et 24% pour les français à la santé bonne voire très bonne.
Ces informations sont essentielles à connaître pour les organismes de complémentaire santé car elles confirment ce qu’ils constataient déjà. Les Ocam font face à un problème de taille : les personnes les moins aisées et en moins bonne santé sont, en général, celles qui ont des contrats santé peu performants assortis d’une cotisation peu élevée. Le poids du Rac0 sur ces contrats à l’équilibre déjà précaire entrainera nécessairement des déséquilibres extrêmement forts, ce qui devrait obliger les organismes à revoir leur politique tarifaire. Mais dans le contexte actuel de pression sur les assureurs, chaque choix de revalorisation sera stratégique.