A la CGT, Philippe Martinez a été clair : dans le cadre du second tour de l’élection présidentielle, “pas une voix du monde du travail” ne doit aller à “l’extrême-droite”. Supposant peut-être – et à raison, soit dit en passant – que cet appel ne suffirait pas à convaincre toutes ses troupes travailleuses de ne pas voter pour Marine le Pen, la direction de la CGT a précisé sa consigne dans le cadre d’une analyse de “l’imposture sociale de la candidate le Pen”.
A la lecture de cette analyse cégétiste, force est pourtant de constater que l’on reste sur notre faim. Le propos est court, n’évoquant que fort brièvement les enjeux du pouvoir d’achat, du financement de la Sécurité sociale et de l’âge de la retraite. Il y est reproché à Marine le Pen qu’elle promet de réduire la TVA sur certains produits au risque de ne pas respecter les engagements européens de la France, qu’elle veut réduire le financement de la Sécurité sociale par la cotisation et qu’elle avance masquée sur la question de la hausse de l’âge de la retraite.
Si ces deux dernières critiques pourraient, sur le fond, s’avérer pertinentes, encore faut-il préciser que pour être complète, l’analyse du choix qui s’offre aux électeurs supposerait de s’intéresser également au programme du candidat Macron sur ces questions. Les choses apparaîtraient alors sous un jour nettement plus balancé… Concernant d’autre part la question de la réduction de la TVA, plutôt que de pointer du doigt l’irréalisme supposé de la proposition de Mme le Pen, il s’agirait peut-être de poser la question des risques posés par la perte de souveraineté de la France sur un enjeu aussi fondamental, et tout particulièrement pour les classes populaires, que celui de la TVA.
Dans l’ensemble, il n’est pas du tout certain que le “décryptage” fourni par la CGT du programme social de Marine le Pen convaincra les indécis – sans même parler de ceux qui souhaitent voter pour elle – de ne pas glisser un bulletin RN dans l’urne.