Pourquoi le nombre d’adulte handicapés a-t-il augmenté de 36% entre 2006 et 2016? Le dossier de la DREES sur les Comptes de la protection sociale permet d’éclairer certains aspects mal connus de notre système d’amortisseur social. On retiendra en particulier l’éclairage donné aux 57 milliards d’aides sociales (autant que le Budget de l’Éducation Nationale…) et à leurs particularités.
Il faut lire l’éclairage de la DREES sur l’allocation adultes handicapés pour comprendre les raisons économiques rationnelles de l’explosion du handicap en France depuis 10 ans. Cette spectaculaire augmentation a conduit à un quasi-doublement de la dépense, passée de 5 milliards € en 2006 à 9 milliards € en 2016. Les explications données par la DREES au phénomène sont particulièrement instructives.
Pourquoi cette inflation spectaculaire d’adultes handicapés en France?
On peut évidemment s’interroger sur les raisons qui ont conduit ce pays à enregistrer une hausse moyenne de près de 6% chaque année du nombre d’adultes handicapés. Il ne serait pas inutile de mener une enquête clinique pour comprendre ce qui se passe en FRance, et avoir une idée un peu plus claire du handicap et de son ampleur dans le pays.
La DREES propose une explication économique, pour sa part:
Le montant des prestations versées au titre de l’AAH et de ses compléments a progressé continûment de manière soutenue entre 2006 et 2016 (+5,6 % en moyenne par an), du fait notamment de la hausse exceptionnelle du montant de l’allocation de 25 % intervenue progressivement entre 2007 et 2012, en sus des revalorisations légales. Cette mesure a contribué de manière significative au dynamisme du nombre d’allocataires pendant toute la période (+36 % de 2006 à 2016) en augmentant le nombre de personnes éligibles à cette aide.
Les phrases sont un peu trompeuses. Si on reconstitue leur logique, on comprend que la forte revalorisation (25%) de l’allocation d’adulte handicapé a produit un effet d’éviction sur le taux d’emploi du public concerné. Entre une allocation plus élevée, entraînant avec elle une série d’aides, et un salaire peu élevé, ce sont environ 300.000 personnes nouvelles en 10 ans qui ont exprimé une préférence pour l’aide plutôt que pour le travail.
De l’effet des aides sociales sur l’emploi
Démonstration est donc faite, une fois de plus, pour tous ceux qui en doutaient encore, de l’impact direct des aides sociales sur le taux d’emploi. Une revalorisation forte des aides entraîne, sur période longue, une diminution sensible du taux d’emploi dans les publics concernés. Ce constat n’emporte aucune considération morale. Il est un simple constat économique.