Pimkie a annoncé hier avoir présenté à son comité central d’entreprise un projet de rupture conventionnelle collective portant sur près de 200 départs volontaires. Cette enseigne commerciale inaugure donc une procédure nouvelle fraîchement adoptée par les ordonnances Macron. D’autres suivront, comme PSA. Est-ce la fin de l’anarcho-syndicalisme ou syndicalisme de contestation ? En tout cas, ça sent le sapin.
Il fut un temps où le plan de sauvegarde de l’emploi induisait forcément de fortes montées en température au sein des organisations syndicales. D’où la réputation sulfureuse de ces procédures collectives qui étaient souvent très favorables aux salariés, puisqu’elles leur ménageaient d’excellentes conditions de départ.
Avec la rupture conventionnelle collective, la tendance devrait s’inverser durablement. Peut-être même les ordonnances Macron vont-elles réussir à donner une image positive à ces procédures négociées au sein des entreprises.
Pimkie et les accords majoritaires
Le principe de la rupture conventionnelle collective introduite par les ordonnances Macron repose en effet sur un accord majoritaire au sein de l’entreprise. Autrement dit, que l’entreprise soit ou non en difficulté, elle a la faculté de proposer des départs volontaires pour peu qu’elle obtienne un accord majoritaire avec ses organisations syndicales.
Cette logique ouvre des perspectives nouvelles au syndicalisme réformiste en entreprise. Beaucoup de salariés apprécient en effet des plans de départs volontaires qui leur permettent de se faire un “petit matelas” pour lancer un projet personnel.
La fin de l’anarcho-syndicalisme ?
Pour les syndicats révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes, cette annonce est de mauvais augure. Leur fonds de commerce repose sur la contestation d’un capitalisme spoliateur où le prolétariat doit s’unir contre les propriétaires des entreprises pour défendre l’emploi. La brèche ouverte par les organisations syndicales qui acceptent de négocier des conditions de départ favorables dans des entreprises en bonne santé financière accélère le passage à une autre époque.
La difficulté des mouvements collectifs à mobiliser la “base” le prouve.