Pendant la crise covid de 2020, l’évolution des salaires reflète les branches les plus sinistrées

La crise covid survenue en 2020 a impacté tous les secteurs d’activités en France et dans le monde. Avec les confinements successifs (assortis de règles établies dans la confusion mais avec beaucoup d’autorité par l’Etat), les entreprises et leurs salariés ont beaucoup souffert de cette période. Certaines branches ont toutefois été bien plus impactées que d’autres, du fait de la nature même de leur activité. On pense à toutes celles qui regroupent des activités notamment organisées autour de l’accueil du public. Une nouvelle étude du service statistique du ministère du travail (la Dares) montre comment ces périodes de confinements ont impacté les salaires dans ces secteurs.

La Dares s’intéresse d’abord à l’évolution annuelle des salaires moyens dans l’ensemble des entreprises couvertes par une convention collective avant de s’intéresser aux CCN les plus représentatives de chaque secteur d’activité. Ainsi, on constate d’abord que le montant du salaire mensuel brut en euros constant a évolué de 2,9% entre 2019 et 2020 (la statistique est de 3,2% pour le salaire mensuel net). En moyenne, ce salaire mensuel brut (en équivalent temps plein EQTP) était de 3 350 € en 2020 contre 3 240 € un an avant (ou 2 556 € en 2020 contre 2 465 € en 2019 si l’on se positionne sur le salaire net). On observe toutefois que si un salarié a changé d’établissement entre 2019 et 2020, le salaire mensuel brut moyen diminue de 3,6% sur un an, pour atteindre 2 955 € (ou -2,8% à 2 300 € en salaire net). Inversement, le salaire mensuel brut moyen augmente plus fortement, de 5,3%, à 3 434 € (ou +5,5% à 2 612 € en salaire net), si le salarié est resté dans le même établissement d’une année sur l’autre.

Ces bases étant posées, c’est le détail de l’évolution des salaires par convention collective qui intéresse.

Le salaire net journalier : véritable révélateur des secteurs minés (ou non) par les confinements

Pour bien détecter les secteurs les plus affectés par la crise covid en 2020, c’est le salaire journalier qui est pris comme référence par la Dares. Cette donnée permet de retrouver l’évolution du salaire rapportée à la durée en jours du contrat de travail dans l’année, incluant les périodes d’activité partielle. Ainsi, l’évolution du salaire journalier entre 2019 et 2020 met en lumière les conventions collectives nationales (CCN) dans lesquelles l’activité partielle due aux confinements a été la plus déployée. Pour l’ensemble des conventions collectives françaises, ce salaire net journalier a baissé de 4,5% entre 2019 et 2020.

Le secteur le plus fortement impacté par la crise de 2020 est celui de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme avec un salaire net journalier en baisse de 26,1% sur un an. Seules 2 CCN sont données en exemple par l’étude. On trouve d’abord les HCR (IDCC 1979) avec un salaire net journalier en chute libre de 30,6%. Puis la restauration rapide (IDCC 1501) arrive avec une baisse de 19,2% de son salaire net journalier. Parmi les autres secteur qui reçoivent du public et qui sont très touchés par la crise, on remarque la coiffure (IDCC 2596) avec une chute du salaire net journalier de 18,2% et le sport (IDCC 2511) avec une baisse de 17%.

Les magasins non alimentaires accusent aussi le coup de la crise notamment dans la CCN des commerces de détail non alimentaire (IDCC 1517) qui affiche une baisse du salaire net journalier de 12,4% entre 2019 et 2020. La CCN des succursales de vente au détail d’habillement (IDCC 675) suit le même chemin à -12,8%.

D’autres CCN, plus variées, affichent des baisses de salaire journalier importantes comme le négoce de l’ameublement (IDCC 1880) avec -10%, les services de l’automobile (IDCC 1090) avec -8,7% ou les CCN des non cadres du bâtiment (IDCC 1596, 1597, 2609 et 1702) avec une baisse du salaire net journalier qui oscille entre 6,9% et 8,4%.

A l’inverse des CCN dont l’évolution du salaire net journalier reflète l’impact important de la crise sur leur activité, d’autres CCN ont poursuivi une activité soutenue. On peut ainsi citer les conventions collectives du secteur sanitaire et social comme la CCN 51 (IDCC 29) et la CCN 66 (IDCC 413) dont le salaire net journalier augmente respectivement de 4% et 2,6% entre 2019 et 2020. On remarque aussi les conventions collectives de la chimie et de la pharmacie avec l’industrie pharmaceutique (IDCC 176) et les industries chimiques (IDCC 44) dont le salaire net journalier augmente de 2,1% et de 1,2% sur un an.

Des salaires qui stagnent dans plusieurs CCN et des inégalités femmes-hommes persistantes

En parallèle de l’étude de l’évolution du salaire net journalier, la Dares s’intéresse à l’évolution du salaire net en EQTP en soulignant les écarts de salaires toujours très importants entre les femmes et les hommes.

Entre 2019 et 2020, le salaire net en EQTP a globalement augmenté sur l’ensemble des CCN. Toutefois, certaines d’entre elles affichent une stagnation comme la coiffure (IDCC 2596) à -1,1%, la métallurgie de région parisienne (IDCC 54) à -0,1%, les transports routiers (IDCC 16) à 0% ou encore la restauration rapide (IDCC 1501) à +0,2%.

Du côté de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, les écarts sont très largement défavorables aux femmes. On peut par exemple citer la CCN des cabinets médicaux (IDCC 1147) dans laquelle le salaire net en EQTP touché par les femmes est inférieur de 32,9% à celui des hommes. Cet écart est de 31,9% dans la banque (IDCC 2120), de 28,6% dans l’immobilier (IDCC 1527), de 26,6% dans les cabinets d’experts comptables (IDCC 787) ou encore de 24,5% dans les sociétés d’assurances (IDCC 1672).

Retrouvez tous les détails de l’étude dans le document reproduit ci-dessous :

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