Une récente étude réalisée par l’agence fédérale dans le cadre de l’Enquête nationale sur le cannabis au Canada démontre que la légalisation de la substance n’entraîne pas une hausse de la consommation. Des résultats semblables aux résultats constatés dans plusieurs états des Etats-Unis qui ont aussi dépénalisé la substance. A contrario, la France reste l’un des pays européens les plus restrictifs.
La théorie selon laquelle la dépénalisation de la consommation du cannabis risque de sérieusement prendre du plomb dans l’aile. D’après une récente étude réalisée au Canada, pays ayant légaliser tout usage du cannabis depuis novembre 2018, la consommation est restée stable. Mieux, un canadien sur deux n’aurait toujours pas testé la marijuana (55%).
L’âge moyen de consommation est de 38 ans
En janvier 2018, l’agence fédérale dans le cadre de l’Enquête nationale sur le cannabis lançait une grande enquête pour suivre la consommation de cannabis dans le pays. Avec en point de mire le 17 octobre 2018, date de la légalisation du cannabis. Et d’après les premiers résultats, 15% des canadiens de 15 ans et plus, soit 4,6 millions de personnes, ont déclaré avoir consommé de la marijuana au cours des trois mois précédents l’enquête. Un pourcentage semblable à celui observé avant la légalisation.
En clair, la légalisation n’aurait eu aucun impact sur la consommation. Mieux, la consommation récréative ne concernerait que 7% des sondés. 4% affirment que le cannabis consommé l’était dans un cadre médical. Les 4% restant expliquent que la fin était médicale et récréative.
Les jeunes de 18 à 24 ans, s’ils restent les principaux consommateurs (33%) n’auraient pas augmenté leur consommation. L’usager moyen resterait un canadien de 38 ans. 19% des hommes auraient déjà essayé la substance contre 11% des femmes.
Pour Sylvain Tremblay, directeur de la Division des enquêtes spéciales à Statistique Canada, ces données, si elles ne montrent pas “d’augmentation significative de la consommation chez les jeunes”, sont néanmoins à manipuler avec précaution. “Il faut considérer que le groupe d’âge 18-24 est plus petit que les autres. Le taux reste relativement stable avant et après la législation. Le cannabis n’est pas qu’une affaire de jeunes.”
Toujours d’après les premières données de l’étude, 98% des sondés ayant déclaré de jamais avoir consommé ne souhaitent pas franchir le pas. 26% expliquent avoir acheté leur cannabis de manière légale. Parmi les critères qui motivent l’achat, 76% des répondants affirment rechercher la qualité et la sécurité du produit, ce qui pourrait augmenter la part du marcher légal.
38% recherchent les prix les plus bas, parfois au détriment de la qualité ; et 33% recherchent de l’accessibilité. En novembre, les achats légaux ont généré 54 millions de dollars canadiens, soit près de 37 millions d’euros.
Faisant parti des premiers pays à avoir totalement légalisé le cannabis, le Canada présente des résultats qui sont identiques à ceux constatés aux Etats-Unis où plusieurs états comme le Colorado ou l’Etat de Washington ont aussi franchi le pas. Là encore, la légalisation n’a pas favorisé l’augmentation de la consommation.
11% de consommateurs de cannabis en France
En France, la question de la légalisation est loin d’être tranchée. L’hexagone dispose d’une des législations les plus restrictives en Europe car la vente, la consommation et la culture du cannabis sont répréhensibles. Une ouverture concernant l’usage médical est cependant envisageable. Elle ne concernerait que quelques maladies comme la sclérose en plaques. Mais le produit ne serait pas consommé sous forme de joints mais plutôt vapoté ou ingéré en gélules.
Reste qu’un point de vue définitif ne devrait pas être adopté avant fin 2019 car plusieurs questions doivent encore trouver des réponses : remboursement par la Sécurité Sociale, lieux où se procurer la substance, qui pourra la prescrire, etc. D’après les estimations du Parisien, entre 300 000 et 1 million de personnes en France pourraient être concernées par l’usage médical du cannabis.
Le 26 novembre dernier, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies révélait que la France comptait, en 2017, 5 millions de consommateurs, soit 11% de la population, soit 4% de moins que la Canada, proportionnellement à la population totale du pays. La manne financière possible, si l’approvisionnement était légalisé, serait, là encore, de plusieurs millions d’euros.