Cela fera bientôt 15 jours que le Premier ministre Gabriel Attal a lancé l’idée d’une mutuelle à 1 euro par jour. Annoncée comme une révolution qui permettra enfin à toutes les personnes non assurées d’être couvertes à moindre frais, cette mesure mènerait plutôt à une complémentaire santé solidaire (CSS) dégradée qu’à une meilleure couverture de la population visée. Or la place assurantielle est restée, jusqu’alors, très discrète sur ce sujet.
C’est finalement Stéphane Junique, Président du groupe VYV, qui a enfin brisé le silence devant la presse le 26 juin. Tout en restant très prudent et modéré dans son approche de la proposition de Gabriel Attal, il estime (comme nous l’écrivions il y a quelques semaines) que ce projet n’est, en l’état, qu’une extension de la CSS qui est déjà financée par la TSA prélevée sur les contrats complémentaires frais de santé.
Concrètement, M. Junique craint que l’idée du Premier ministre n’aboutisse, in fine, à une hausse de cotisation de tous les assurés pour financer cette nouvelle complémentaire santé à 1 euro par jour. Il rappelle toutefois que la porte des complémentaires santé reste grande ouverte pour parvenir mettre fin à la non-couverture complémentaire d’une partie de la population. Mais cet appel au dialogue, s’il a parfois été suivi d’effet, n’a produit que très peu de résultats positifs ces dernières années (l’échec critique du Cdoc en est un exemple flagrant).
Mutuelle à 1 euro par jour contre révision des contrats responsables
Finalement, pour atteindre l’ambition de couvrir toute la population en complémentaire santé, Stéphane Junique prône plutôt la révision du contrat responsable et solidaire. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois que les organismes et représentants du secteur réclament l’intégration d’un peu de souplesse (des contrats moins contraignants et donc moins chers à financer) dans ce cadre juridique. Les auditions réalisées par la mission d’information au Sénat (ici et là) en sont les meilleurs exemples.
La stratégie du groupe VYV semble donc être la suivante : ne pas trop critiquer la proposition de Gabriel Attal pour lui proposer un autre angle. Celui de la réforme du contrat responsable et solidaire qui permettrait potentiellement d’atteindre le même objectif (100% de la population couverte) tout en étant financièrement cohérente. Pour que ce message soit entendu, il serait bon que d’autres acteurs et représentants se mobilisent. Le sujet reviendra probablement après les élections législatives et, plus tard, lors de l’examen du PLFSS 2025.