L’interdiction de licencier un salarié protégé sans autorisation est-elle conforme à la Constitution ?

La conformité à la Constitution d’un article important du code du travail vient d’être remise en question par le conseil de prud’hommes de Metz. Dans sa question prioritaire de constitutionnalité (QPC), le conseil s’interroge sur l’absence de certaines précisions dans l’article de loi, ce qui pourrait le rendre inconstitutionnel.

 

C’est l’article L. 2411-8 alinéa I du code du travail qui est concerné. Celui-ci dispose précisément que le “licenciement d’un représentant de proximité ne peut intervenir qu’après autorisation de l’inspecteur du travail“, sans aucune autre information sur les modalités de calcul de l’indemnité pour violation du statut protecteur. Or, le conseil de prud’hommes se demande s’il est conforme à la Constitution que ce soit le juge qui définisse lui-même les modalités d’indemnisation. C’est là que le Conseil constitutionnel devra intervenir. 

 

Le statut de salarié protégé menacé par la QPC ?

Dans la question transmise au Conseil constitutionnel, le conseil de prud’hommes rappelle que l’article 34 de la Constitution “confie au seul législateur le soin de déterminer les principes fondamentaux des obligations civiles, du droit du travail et du droit syndical“. Or, l’article L. 2411-8 alinéa I du code du travail ne définit à aucun moment les modalités d’indemnisation applicables aux licenciements intervenus sans autorisation ou aux ruptures produisant les effets d’un tel licenciement. 

Le conseil de prud’hommes souligne donc que le législateur n’a pas exercé pleinement sa compétence prévue par la Constitution. Dans ce cadre, c’est le juge qui, par défaut, a dû se charger de trouver comment indemniser le salarié protégé licencié sans autorisation. D’après la QPC, le juge aurait donc utilisé une compétence relevant exclusivement du législateur. Cela aurait donc pour effet d’affecter les principes : 

– de participation des salariés à la détermination de leurs conditions de travail, 

– de responsabilité, 

– de propriété, 

– d’égalité devant la loi. 

Si les Sages considèrent que l’alinéa I de l’article est bel et bien contraire à la Constitution, une solution devrait rapidement être trouvée par le législateur pour créer, par exemple, un barème d’indemnités (comme cela a été le cas avec les indemnités de licenciement) et rétablir l’autorisation préalable de l’inspecteur du travail avant de licencier un salarié protégé. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Nicolas Desormiere (MH) : la garantie aidants, nouvelle corde de la prévoyance CCN

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #3 : les CCN face à l'assurance obsèques de l'enfant de -12 ans

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #6 : focus sur l'avenant santé n° 9 de la CCN Syntec

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #2 : le point sur la santé des HCR et la prévoyance des Services à la personne

Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

La double authentification arrive sur Tripalio le 5 janvier 2026 pour une sécurité renforcée

Pour protéger les données et sécuriser l'accès de tous nos utilisateurs à nos informations stratégiques, à notre base de données CCN et à nos outils de conformité juridique, nous faisons évoluer la connexion au site Tripalio à partir du 5 janvier 2026. Dès le début de l'année 2026, un mécanisme simple de double authentification par mail vous permettra de vous connecter à Tripalio. ...

Solvabilité II : l’EIOPA publie de nouvelles lignes directrices et ouvre des consultations

L'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP, ou EIOPA en anglais), a publié de nouvelles informations liées à la directive Solvabilité II. Au menu : de nouvelles orientations relatives au contrôle de groupe, aux entreprises liées et à l'évaluation des modèles internes, d'une part, puis des consultations sur les lignes directrices dédiées aux calculs de solvabilité du groupe et à la déclaration, d'autre part. Les nouvelles lignes...

2 conseillers rejoignent le ministre du travail et des solidarités

Le ministre du travail et des solidarités Jean-Pierre Farandou a récemment nommé 2 nouveaux conseillers. La première conseillère est Célia Vauthier, elle est conseillère solidarités. Le second conseil est Philippe Machover, il est conseiller marché du travail. Ces conseillers ont pris leurs fonctions le 28 novembre 2025. Retrouvez l'arrêté de nomination tout...

Avis d’extension d’un accord dans les entreprises de travaux et de services agricoles, ruraux et forestiers

La ministre de l'agriculture, de l'agro-alimentaire et de la souveraineté alimentaire envisage d’étendre, par avis publié le 6 décembre 2025, les dispositions de l’accord du 2 décembre 2025 relatif au dispositif d'activité partielle de longue durée rebond APLD-R, conclu dans le cadre de la convention collective nationale de travail du 8 octobre 2020 concernant les entreprises de travaux et services agricoles, les entreprises de travaux et...