Le principe selon lequel le « silence vaut accord » de l’administration existe-t-il vraiment ?

Le 10 mai 2016, une proposition de loi relative à l’efficacité et à l’effectivité du principe selon lequel le « silence de l’administration vaut accord » (ou SVA) a été présentée à l’assemblée nationale par plusieurs députés dont Lionel Tardy, député de Haute-Savoie. 

Il faut rappeler que depuis un arrêt de la Cour de cassation du 25 mai 1870, « qui ne dit mot ne consent pas ». La loi du 12 novembre 2013 pose, à l’inverse, que « le silence gardé pendant deux mois par l’autorité administrative sur une demande vaut décision d’acceptation ». 

La création en 2013 de ce principe avait été réclamée par les PME car elles demeuraient vulnérables aux retards dans la mise en œuvre de leurs projets. L’objectif de cette nouvelle proposition de loi est de simplifier ce principe pour les entreprises et les particuliers en réduisant le nombre d’exceptions. En effet, d’après les députés signataires de la proposition de loi, le principe « Silence Vaut Acceptation » a été vidé de sa substance par une succession d’exceptions dénombrées aujourd’hui à 2400 sur 3600 procédures pouvant bénéficier du principe. 

 

Un principe de moins en moins appliqué

Le principe SVA ne concerne en réalité que 1200 procédures et parmi ces dernières, 470 comportent des exceptions au délai d’attente de 2 mois pour que le silence de l’administration soit interprété comme une acceptation. 

En effet, dans de trop nombreux cas, selon les auteurs de la proposition de loi, le délai a été prolongé. A titre d’exemple, on peut citer la procédure d’inscription d’un enfant à la cantine scolaire qui prévoit un délai exceptionnel de 3 mois. Mais aussi, des procédures portant sur des projets d’échanges et de cessions amiables d’immeubles ruraux ou forestiers pouvant aller jusqu’à 6 mois. 

Les entreprises se doivent donc d’examiner une liste de procédure longue de 113 pages afin d’obtenir des explications qui n’ont aucune valeur juridique d’après Lionel Tardy. De plus, 40 procédures demeurent encore régies par la règle du « silence vaut rejet » anciennement utilisée. Tel est le cas par exemple de certains permis de construire/démolir, de la procédure d’élection du domicile. 

 

Cinq nouveautés pour plus d’efficacité

La proposition de loi propose de modifier le fonctionnement du principe selon lequel le silence de l’administration vaut acceptation en opérant une harmonisation des délais existants autour de quatre mois. Des exceptions demeureront toujours mais une liste des procédures applicables dont la publication est prévue par décret contribuera à la baisse progressive des exceptions, d’après les députés. 

En outre, pour toute nouvelle procédure créée entrant dans le champ des exceptions, une autre procédure existante devra basculer dans le droit commun autrement dit, une nouvelle exception créée entrainera nécessairement l’abandon d’une autre. 

Puis, dans un objectif d’épurement, la proposition de loi envisage la suppression de l’article L. 321-5 du code des relations entre le public et l’administration qui permet, par ses dispositions très vagues de créer de nombreuses exceptions. 

Dans un souci d’effectivité du principe, le délai pris en compte pour l’application du nouveau principe démarrera à compter de la réception des pièces par l’administration initialement saisie. Aujourd’hui, le délai commence seulement à courir à compter de la saisine de l’administration compétente. 

Par ailleurs, lorsque la décision doit faire l’objet de publicité à l’égard des tiers, la publication au tiers interviendra dans les quinze jours à compter de la réception de la demande. Si les demandeurs peuvent réclamer une attestation de la décision implicite d’acceptation, un délai de 15 jours est fixé. Enfin, les entreprises doivent pouvoir réclamer une explication écrite lorsqu’une décision a fait l’objet d’un rejet implicite. 

 

Cette proposition de loi a été renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. 

 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

C2S : les règles de non-activité et de ressources sont révisées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, vient préciser les modalités d’application de l’article L. 861-2 du code de la sécurité sociale concernant l’accès à la complémentaire santé solidaire (C2S). Le texte modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS). Le décret introduit un nouvel article...

CNSA : les règles de composition et de fonctionnement du conseil sont modifiées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS) afin d’ajuster la composition et le fonctionnement du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Le texte vise à synchroniser les mandats, harmoniser les règles de délibération et prévenir les conflits d’intérêts, dans la perspective du renouvellement partiel du conseil prévu au 1er février 2026. Le décret...

Dotation 2025 des CESP : plus de 39  M€ alloués par l’assurance maladie

Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 29 juin 2025 précisent les dotations des régimes obligatoires d’assurance maladie consacrées aux contrats d’engagement de service public (CESP) pour l’année 2025. Un premier arrêté daté du 26 juin 2025 fixe la dotation versée au Centre national de gestion (CNG). Ainsi, la part de dotation destinée spécifiquement au financement des CESP s’élève à 29 404 800 euros pour l’année 2025. ...

Un nouveau représentant des départements entre au conseil de la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel du 28 juin, modifie la composition du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Maël de Calan est nommé membre titulaire du conseil au titre des représentants des conseils départementaux. Il a été désigné par l’Association des départements de France (ADF). Il remplace à ce poste Stéphane Haussoulier. ...

Le nouveau modèle papier de l’arrêt de travail est maintenant obligatoire

Pour lutter contre les arrêts de travail frauduleux un décret généralise l'obligation d'utiliser le nouveau formulaire papier lorsque l'arrêt n'est pas déclaré en ligne. Le décret paru au Journal officiel du 29 juin 2025 précise que l'assuré placé en arrêt de travail (ou dont l'arrêt est prolongé) qui veut envoyer son justificatif au format papier doit désormais transmettre la version originale signée d'un formulaire spécifique. Ce nouveau formulaire est...