Bien qu’elle compte parmi les grandes branches d’activité – elle emploie près de 230 000 salariés – la chimie ne se distingue guère, ces dernières années, par la sérénité et l’efficacité de son dialogue social.
Le déroulement de la négociation sur la structure des salaires dans la chimie s’inscrit bien dans cette dynamique d’ensemble.
Le système de valeur du point en vigueur dans la chimie
Dans l’état actuel des choses, c’est un système de valeur du point qui permet de définir les salaires conventionnels dans la chimie. Les minima salariaux de branche se calculent en multipliant la valeur du point par le coefficient hiérarchique. La négociation conventionnelle sur les salaires porte alors sur la seule valeur du point. Dans le cas des coefficients d’entrée de grille, les représentants patronaux et salariaux de la chimie doivent, certes, définir en outre un “complément de salaire” destiné à éviter que les salaires correspondants se retrouvent sous le SMIC. Dans les faits, la détermination du niveau de ce complément n’est pas vraiment négociée, découlant uniquement d’une recherche de mise en conformité avec l’évolution du SMIC.
Un projet patronal d’actualisation du système en vigueur
Depuis plusieurs réunions paritaires maintenant, les négociateurs paritaires de la CCN de la chimie discutent d’une actualisation en profondeur de ce système de fixation des minima salariaux conventionnels. L’un des objectifs de la négociation est de mettre un terme au dispositif du complémentaire de salaire. Dans le projet patronal d’accord, la valeur du point ne disparaîtrait pas mais ne servirait plus de référence que dans le cadre du calcul des primes conventionnelles. S’agissant des salaires conventionnels, deux éléments permettraient de les calculer : le salaire de référence et d’une part la valeur de référence, soit une forme de coefficient multiplicateur, d’autre part. Les négociations salariales de branche porteraient alors, au total, sur trois éléments.
Une négociation de plus en plus tendue
Globalement, cette proposition patronale ne suscite guère d’enthousiasme du côté de la représentation salariale. Soulignant que les négociations sur les minima salariaux sont difficiles dans la branche depuis plusieurs années déjà – le dernier accord date de 2022 – les syndicats craignent qu’elles le deviennent plus encore s’il s’agit de négocier non plus une mais trois valeurs. Malgré ces réticences, le patronat de la chimie s’est montré déterminé à avancer sur la base de son projet et les organisations salariales modérées, comme la CFDT et la CFE-CGC, en seraient venues, au fil du temps, à accepter d’en discuter les termes. Ceci a fortement irrité les syndicats plus contestataires, comme la CGT et FO, qui dénoncent cette attitude syndicale d’accompagnement, dans des termes parfois durs. La négociation sur la structure des salaires permet ainsi à la chimie de faire étalage de ses divisions paritaires multiples.
1 commentaire