La nuit dernière, le Président de la République a réuni les chefs des principaux partis politiques français dans le cadre de “l’initiative politique d’ampleur” qu’il promet depuis plusieurs semaines afin de redonner un souffle à son second mandat et de proposer quelques perspectives d’avenir réjouissantes aux Français.
Entre autres choses, cette réunion de lancement de “l’initiative politique d’ampleur” a été l’occasion pour l’exécutif d’appeler les branches d’activité à la rescousse en matière de salaires.
Le social à la marge de “l’initiative politique d’ampleur”
Si l’on s’en tient au programme qui a été celui des échanges entre le chef de l’Etat et les dirigeants des principaux partis politiques, il en ressort que les questions sociales n’occupent pas une position centrale dans le cadre de “l’initiative politique d’ampleur” voulue par Emmanuel Macron. En effet, sur les trois sessions de discussions, seule la dernière, qui a eu lieu au beau milieu de la nuit, a permis d’aborder des enjeux sociaux – la première session ayant porté sur la situation internationale et la deuxième sur les questions institutionnelles.
Et encore, il convient de préciser que ces enjeux sociaux ne constituaient qu’une partie de ceux évoqués lors de la dernière session : consacrée à “la cohésion de la nation”, elle a également donné lieu à des débats portant sur l’autorité, l’éducation, l’immigration ou encore l’intégration. Quelque part donc entre tous ces thèmes, une place a été faite aux questions sociales. Il était question de parler des “inégalités sociales”.
Vers une “conférence sociale” de portée limitée
Ce thème a conduit le Président de la République à annoncer la tenue prochaine d’une “conférence sociale” qui portera sur “les carrières et les branches situées sous le salaire minimum”. Commentant, à la sortie de la réunion de lancement de “l’initiative politique d’ampleur”, cette proposition sociale de l’exécutif, Olivier Faure, le premier secrétaire Parti Socialiste (PS), a estimé qu’elle était la seule annonce positive que l’exécutif ait formulée.
Il est d’ailleurs assez révélateur qu’elle semble, a priori, concerner non pas tant l’action publique elle-même que des champs d’intervention qui sont ceux des employeurs et des partenaires sociaux. Autrement dit, on retiendra de la séquence d’engagement par Emmanuel Macron de son “initiative politique d’ampleur” que la seule vraie promesse sociale qu’elle a emportée engage moins l’Etat que des acteurs privés.
Une initiative sociale qui laisse dubitatif
Plus encore, selon toute hypothèse, cette future conférence sociale ne devrait pas mener à grand-chose de tangible pour les salariés. D’une part parce que, comme l’a révélé Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti Communiste Français (PCF), le chef de l’Etat n’est pas du tout favorable à un système d’indexation des salaires sur l’inflation. De fait, c’est donc uniquement de l’enjeu de minima salariaux – voire même de celui des niveaux d’entrée de grilles – que la conférence sociale devrait inviter les représentants des branches à se saisir.
S’agissant, d’autre part, de la question des carrières, on voit mal, là encore, comment la conférence sociale pourrait apporter quoi que ce soit à la grande majorité des travailleurs concernés – c’est-à-dire uniquement les salariés. Au niveau national et interprofessionnel, l’enjeu de la gestion des carrières des salariés paraît difficilement pouvoir déboucher sur autre chose que de grandes déclarations d’intentions.
On l’a compris : les travailleurs n’ont sans doute pas grand-chose à attendre de “l’initiative politique d’ampleur” du Président de la République.