Cet article provient du site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Après une première phase de négociation ayant débouché sur des revalorisations salariales insuffisantes pour les salariés de la branche hôtellerie-cafés-restauration, la CFE-CGC reste mobilisée.
UN PROBLÈME STRUCTUREL D’ATTRACTIVITÉ AMPLIFIÉ PAR LA CRISE SANITAIRE
C’est une réalité incontestable : le secteur de l’hôtellerie-cafés-restauration (HCR) manque cruellement d’attractivité depuis plusieurs années et la crise sanitaire a accéléré ce désamour pour nos métiers. Les salariés ont pris conscience du décalage trop important entre les faibles niveaux de rémunérations et les contraintes du métier : travail à temps partiel, coupure, travail le week-end, etc.
Le secteur recrute en moyenne 400 000 personnes an, avec un renouvellement annuel des effectifs de l’ordre de 30 %. Malheureusement, avec la crise sanitaire et un retour à une activité toujours compliquée et très fluctuante à ce jour, le secteur a moins recruté (à peine la moitié de nos besoins habituels). Dans le même temps, nous enregistrons des départs de toutes sortes, supérieurs aux années précédentes (environ 70 000 départs supplémentaires en février 2021 par rapport à 2020). À cela, il faut ajouter 25 000 personnes qui étaient en activité partielle et qui sont partis dès la reprise de l’activité, ayant trouvé mieux « ailleurs ».
Conséquence : la profession se retrouve fragilisée et la seule façon de recréer très rapidement de l’attractivité dans notre branche est d’agir sur les leviers des rémunérations et des conditions de travail qui, aujourd’hui, font fuir les salariés du secteur et n’en attirent plus de nouveaux. La branche des HCR est en souffrance et il faut agir vite !
GRILLE SALARIALE : UNE PREMIÈRE REVALORISATION QUI NE RÉPOND PAS AUX ENJEUX
En temps normal, nous pourrions nous féliciter, sur le papier, de la grille présentée solidairement par les organisations patronales (l’Umih, le GNI, le GNC et la SNRTC) mais, malheureusement, elle ne répond pas aux enjeux et aux défis à relever pour retrouver de l’attractivité auprès des salariés. Cette nouvelle grille, entérinée début 2022 après une première phase de négociation, est un trompe-l’œil et la CFE-CGC, lucide, n’a pas signé cet accord. À ceci plusieurs raisons :
- Les niveaux I et II de la grille sont les portes d’entrées de nos métiers et les propositions faites sont tout sauf attractives : on peut à peine parler de rattrapage par rapport à 2018 ! les niveaux d’inflation et d’indice du coût de la vie, ces cinq dernières années, ne sont pas pris en considération sur l’ensemble des deux niveaux (+5 % pour le niveau I et +9,6 % pour le niveau II soit +7,3 % en moyenne). Or, ces niveaux représentent près de 80 % des personnels de l’hôtellerie-cafés-restauration.
- Si nous évoquons le premier point, c’est parce qu’il a une forte incidence sur les niveaux supérieurs de la grille. En effet, le déficit d’attractivité en entrée de grille génère une charge de travail non supportable sur ces personnels et plus précisément sur ceux de l’encadrement, que représente la CFE-CGC. L’encadrement ne peut plus faire correctement son travail, étant obligé de pallier le manque cruel de personnel sur plusieurs postes opérationnels. L’équilibre vie privée/vie professionnelle est ainsi rompu et la surcharge de travail affecte la santé des salariés, aussi bien mentale que physique.
- Il est presque indécent de pointer sur le papier des augmentations en moyenne de 28 % pour les cadres de niveau V (soit 2 654 euros) qui, en réalité, sont globalement déjà à ces niveaux de rémunération brute annuelle, car ils sont souvent cadres autonomes pour être sortis du temps de travail ! Durant la négociation, la CFE-CGC a réclamé a minima le plafond de la sécurité sociale (PMSS) au niveau V dès le premier échelon (soit 3 428 euros), mais nous n’avons pas été entendus.
- Les organisations patronales (OP) n’ont pas voulu, jusqu’ici, aborder autre chose que la grille de salaire et la CFE-CGC le déplore fortement. Les OP, sous la pression de la direction générale du travail, ont désormais convenu de trois dates de négociations (février, mars et mai) pour aborder les autres leviers d’attractivité. En effet, la grille de salaire ne suffira pas à elle seule, et nous allons continuer de souffrir d’une pénurie de main d’œuvre et de turnover déjà trop importants.
SALAIRES ET CONDITIONS DE TRAVAIL : LA CFE-CGC FERA VALOIR SES EXIGENCES
Pour la CFE-CGC, il sera donc indispensable, durant ces prochaines négociations, d’aborder les autres volets, qu’ils soient financiers (treizième mois, prime de coupure, majoration du travail dominical…) ou social : préservation de l’équilibre vie privée/vie professionnelle, limitation du nombre de coupures, suppression de coupure pour un temps partiel dont le contrat est inférieur à 24 heures, garantie d’un week-end par mois pour être en famille, etc.
Dans ce contexte, la CFE-CGC reste plus que jamais mobilisée pour faire valoir ses exigences, défendre les intérêts des personnels de l’encadrement et créer les conditions pour redonner de l’attractivité à un secteur en pleine mutation.