L’observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance (OEMA) présentait dernièrement son nouveau rapport annuel. Ce document peint le portrait du secteur en se concentrant sur les données socioprofessionnelles des adhérents de l’organisation France Assureurs. On y découvre notamment des données sur la démographie, les caractéristiques d’emploi, les recrutements et les mobilités professionnelles pour l’année 2024. Force est de constater qu’après 3 années de hausse des recrutements et du turnover, l’année 2024 marque un ralentissement en la matière.

L’étude de l’OEMA détaille en réalité une sorte de retour à la normale des entreprises de la CCN de l’assurance après des années post-covid marquées par un boom des recrutements et du turnover. Le document permet, en outre, de constater la segmentation générationnelle du secteur qui annonce un renouvellement générationnel dans les années à venir.
Des embauches qui augmentent moins vite dans l’assurance…
Hormis l’année de crise sanitaire 2020 marquée par une baisse du nombre de nouveaux entrants dans le secteur de l’assurance, le nombre de nouveaux rentrants augmentait régulièrement d’année en année jusqu’ici. Les nouveaux salariés des entreprises de l’assurance représentaient ainsi 13,1% des salariés du secteur en 2023, contre 10,1% en 2020 (année de la crise covid) et, plus loin en arrière, 8,7% en 2014.
Mais après le pic de 2023 les nouveaux entrants ne représentent plus que 12,5% des nouveaux entrants mais leur nombre dépasse tout de même les 20 000 personnes (20 100 exactement). L’OEMA souligne d’ailleurs que cette dynamique, qui reste très bonne malgré ce ralentissement, est portée en partie par les plus de 4 900 alternants recrutés en 2024. Justement, on note que l’alternance ne ralentit pas, bien au contraire, dans l’assurance. Le nombre des alternants ne fait que progresser depuis 10 ans pour atteindre 7 500 personnes en alternance au total en 2024 (elles étaient 4 600 en 2014).
…et un turnover qui ralentit mécaniquement
En parallèle des recrutements de l’assurance qui augmentent moins fortement en 2024 qu’auparavant, le turnover connaît également retrait notable. Alors que ce turnover, tombé à 5% en 2020, atteignait 7,9% en 2023, il revient légèrement au-dessus du niveau de 2019 en 2024. Le taux de turnover retombe donc à 7% en 2024 alors qu’il était à 6,9% en 2019.
Qui dit turnover ne dit pas forcément départ de l’entreprise d’assurance. Les salariés qui bénéficient d’une mobilité interne sont également comptabilisés dans le turnover. L’étude indique utilement que sur l’ensemble de la CCN de l’assurance la mobilité interne diminue depuis 2021 où plus de 17 000 salariés avaient changé de métier dans leur entreprise. En 2024, “seulement” 10 900 salariés étaient effectivement concernés par cette opportunité.
Des cadres toujours plus nombreux mais à l’ancienneté en baisse
Il nous semble aussi intéressant de revenir sur la part des salariés cadres qui ne cesse d’augmenter dans l’assurance. Cette part a augmenté de 4,1 points en 5 ans pour atteindre 53,6% en 2024. Cette hausse est bien plus rapide que la tendance nationale dont la part est passée de 17% à 19,3%, soit +2,3 points, sur la même période de 5 ans. Cela s’explique, selon l’OEMA, par la technicité du secteur de l’assurance qui continue de se complexifier.
En complément de cette tendance, l’étude constate que la part des salariés de moins de 30 ans représente 15,6% des salariés de l’assurance (en hausse) et que celle des salariés de plus de 54 ans représente 17,8% des salariés du secteur (en hausse également). Par ricochet la part des salariés de 30 à 54 ans diminue mais continue de représenter 66,6% des travailleurs. Cette réorganisation marque à la fois le vieillissement de la population du secteur (comme c’est le cas dans l’ensemble de la France) et le rajeunissement des salariés recrutés depuis la crise du covid. Ainsi la moyenne d’âge revient aux alentours de 42 ans et demi.
Ce rajeunissement et le turnover décrit précédemment (qui reste malgré tout élevé) expliquent la baisse globale de l’ancienneté des salariés de l’assurance. Cette ancienneté se porte donc à 12,1 ans en moyenne, confirmant la tendance baissière sur une dizaine d’années. Toutefois cela reste bien supérieur à la moyenne nationale de 10 ans et 2 mois d’ancienneté en 2024.