Congrès de la CGT : une nouvelle (et sévère) déconvenue pour Philippe Martinez

Le 52ème congrès confédéral de la CGT n’est décidément pas une promenade de santé pour son secrétaire général, Philippe Martinez.

 

Après avoir dû se contenter d’une approbation sans enthousiasme du bilan de son premier mandat, M. Martinez a essuyé, hier, une sévère déconvenue : contre l’avis de la direction confédérale, les congressistes ont décidé de revoir les engagements internationaux de la CGT. 

La CGT reçoit la CES et la CSI…

Hier, au congrès de la CGT, l’heure était notamment aux débats relatifs aux engagements internationaux de la CGT. Membre de la confédération européenne des syndicats (CES) depuis 1999 et de la confédération syndicale internationale (CSI) depuis 2003, la CGT recevait quelques uns de leurs responsables et écoutait leur discours. Bien que la CES et la CSI fussent traditionnellement décrites comme des organisations modérées, l’opération se déroulait dans le calme – seulement perturbée par quelques militants qui entonnaient l’Internationale hors de la salle où se tenaient les débats. 

Cet accueil correct réservé à la CES et à la CSI a très probablement soulagé Philippe Martinez, qui pouvait légitimement craindre les réactions de certaines fractions, turbulentes, de la CGT – notamment la chimie, le commerce ou l’agroalimentaire. 

… mais met la FSM à l’honneur !

Hélas, le secrétaire général de la CGT a très rapidement été contraint de se rendre à l’évidence : il n’est pas vraiment sur la même longueur d’onde que ses troupes. Peu après les discours des représentants de la CES et de la CSI, et dans une grande confusion, le congrès a voté un amendement stipulant que la CGT allait participer, en qualité “d’observateur”, aux travaux de la fédération syndicale mondiale (FSM), une organisation née du temps de l’URSS, que la CGT a quittée en 1995 – mais à laquelle les fédérations CGT de la chimie, de l’agroalimentaire et du commerce continuent d’adhérer – et qui compte notamment des relais dans certains pays que l’Occident tend à considérer comme sulfureux. 

Bien conscient de l’engrenage qui était en train de se mettre en branle, la direction de la CGT a suspendu les débats et organisé un second vote de l’amendement. La démocratie : oui, mais à condition que les votants votent convenablement – dans un autre registre, les eurosceptiques connaissent bien la chanson… Malheureusement pour Philippe Martinez, les congressistes n’ont pas changé d’avis et ont très largement confirmé le renouveau du partenariat avec la FSM. 

Philippe Martinez mal en point

Pour le patron de la CGT, ce vote du congrès est un camouflet. M. Martinez n’a en effet jamais caché qu’il n’avait pas une bonne opinion de la FSM. D’ailleurs, hier, la direction confédérale s’est clairement engagée contre l’amendement qui a finalement été adopté. 

Gageons qu’après cette douloureuse déconvenue, Philippe Martinez a vivement remercié Pascal Debay pour son oeuvre. Membre de son équipe sortante, ce dernier s’était auto-proclamé responsable en chef de la lutte contre le racisme à la CGT. Dans ce cadre, il avait mené une violente campagne de dénigrement à l’encontre de supposés esprits “conspirationnistes” qui auraient pignon sur rue au sein de l’organisation. Cette campagne avait très fortement déplu à certaines fractions cégétistes, qui y avaient vu une volonté de défendre l’ordre établi – qui est toujours un ordre établi international – au détriment de conceptions plus critiques de l’actuelle marche du monde – conceptions par exemple portées par la FSM. Relancé, le débat interne CES-CSI contre FSM a donc finalement trouvé à s’exprimer, hier, durant le congrès confédéral de la CGT. 

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