A l’approche de son congrès, la CGT relance les grands procès de Moscou

A la CGT, en ce début d’année 2019, on prépare activement le prochain congrès confédéral, le 52ème en l’occurrence, qui doit se tenir du 13 au 17 mai 2019 à Dijon.

 

En prévision de cet important moment de la vie interne de l’organisation, des boules puantes commencent à être lancées ici ou là. Ainsi, la chasse à “l’extrême-droite” et au “rouge-brun” s’avère tellement rentable que certains en viennent à tenter de la mener en interne. 

“No pasaran !”

La lutte contre l’extrême-droite étant devenue une rente de situation du côté de la CGT, peu d’entre nos lecteurs s’étonneront de la publication très récente d’une “fiche” d’information interne qui entend décrire, dans le cadre d’une “campagne contre l’extrême-droite”, la présence médiatique de ladite “extrême-droite”. 

Dans cette fiche, lisible ici, tout ce que les rédacteurs de la note considèrent comme constituant le coeur de l’extrême-droite médiatique y passe : Minute et Rivarol, les classiques, bien entendu, Valeurs Actuelles et Causeur, sentant déjà moins le souffre, mais aussi Radio Courtoisie, TV Libertés, Russia Today, Sputnik, Breitbart News et le fameux Steve Bannon, Egalité et Réconciliation d’Alain Soral, Dieudonné, Thierry Meyssan le “complotiste”, Alain de Benoist, etc. etc. Les acteurs cités dans la fiche de la CGT et qui ne le sont pas ici même nous en excuseront par avance. 

Ainsi armés de cette analyse brillante et pédagogique, les militants et cadres de la CGT sont sans doute censés en conclure que, finalement, rien ne vaut l’Evangile des médias d’Etat et des médias du grand capital pour avancer sur la voie de la vérité. 

Annie Lacroix-Riz convoquée par la CGT

Bien lancée dans sa diatribe “anti-fa”, selon l’expression consacrée dans les milieux de la gauche radicale, la CGT en vient à citer, dans le cadre donc d’une note sur l’extrême-droite, le nom d’une historienne que l’on n’aurait pas, a priori, attendu ici : celui d’Annie Lacroix-Riz. Aux côtés de Jean Bricmont, Mme Lacroix-Riz se trouve accusée de “navigue[r] dans des mouvances conspirationnistes”. 

Agrégée d’histoire, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris VII – Diderot, Mme Lacroix-Riz a notamment travaillé sur les élites économiques et politiques de la Troisième République et de Vichy. Elle a, entre autres, démontré, pour le dire de manière très schématique, que le régime de Vichy, ainsi que l’occupation allemande, ont globalement été soutenus par l’essentiel des élites politiques et économiques françaises. En somme : rien n’indique à première vue, ni d’ailleurs en dernière analyse, qu’Annie Lacroix-Riz est proche de “l’extrême-droite”. 

Oui mais voilà : à la CGT, quand certains s’embarquent dans les grandes manoeuvres, ils ne font pas dans la dentelle. 

Réactions scandalisées

Hélas pour ceux qui en sont à l’origine, la “fiche” n’est pas vraiment passée comme une lettre à la Poste. Quelques jours après sa publication, plusieurs organisations de la CGT ont vivement dénoncé plusieurs éléments de son contenu. Ainsi, la CGT de l’Energie de Paris a exprimé son “soutien à Annie Lacroix-Riz”, dénonçant “une mise en cause honteuse et pour tout dire dégueulasse de notre camarade”. Le syndicat en profite également pour dénoncer la mise en cause des “gilets jaunes” opérée dans la fiche de la CGT – la rédaction de cette note n’en a décidément pas raté une… 

Peu après, c’est Annie Lacroix-Riz elle-même qui a répondu à “la direction de la CGT”. Décrivant une “attaque inqualifiable” à l’encontre de sa personne et de ses travaux, l’historienne déplore le “terrorisme intellectuel” dont fait preuve la CGT et en profite pour s’interroger sur le rôle exact de la CGT dans la configuration sociale et politique actuelle. 

De quoi cette affaire est-elle le nom ?

Inévitablement, on en vient ici ou là à se demander qui est, au sein de la CGT, est à l’origine de cette malheureuse “fiche” sur “l’extrême-droite”. Les rumeurs vont bon train sur l’identité de ses ou, plutôt, semble-t-il, de son rédacteur. 

Si l’on en croit nos informations, Pascal Debay, ancien secrétaire général de l’UD de Meurthe-et-Moselle, qui s’est fait connaître au niveau confédéral en faisant en sorte de s’imposer comme le fer de lance de la lutte cégétiste contre “l’extrême-droite”, serait le rédacteur de cette note. Interrogé, M. Debay ne nous a pas encore répondu. 

Comme nous le montrerons dans un prochain article, à la CGT, des enjeux plus importants se cachent derrière cette affaire de la lutte contre “l’extrême-droite”. 

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