Une récente étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) brosse le portrait intéressant des français qui ne sont pas couverts par une assurance santé. Même si l’étude dresse le constat sur l’année 2019, elle est intéressante car elle permet de mieux connaître les quelques 2,5 M de personnes qui ne s’assurent pas.
Dès l’introduction, l’Irdes indique que ce sont bien souvent les personnes les plus modestes qui ne disposent pas d’une assurance santé. Malgré la généralisation de la complémentaire santé collective au 1er janvier 2016 et les actions menées pour mieux diffuser la complémentaire santé solidaire (résultat de la fusion entre les anciennes CMU-c et ACS), une petite fraction de la population reste à l’écart de la couverture santé complémentaire. La part des individus non-couverts a toutefois largement diminué au fil des années. Elle est passée de 14% en 1996 à 3,6% en 2019.
Les français sans assurance santé font souvent partie des plus pauvres
Dans son étude, l’Irdes indique que les individus qui ne sont pas couverts par une assurance santé en 2019 sont majoritairement les moins aisés. En effet, le graphique reproduit ci-dessous précise que 10,6% des personnes de 15 ans et plus appartiennent au premier décile de niveau de vie (le moins aisé), cette part passe à 6% au deuxième décile et à 4,2% au troisième décile. Dans ces 3 fraction de la population la moins à l’aise financièrement, la part de non-bénéficiaires d’une complémentaire santé est donc significativement supérieure au taux observé dans la population globale.
Inversement, si l’on regarde les déciles 8, 9 et 10 qui correspondent aux niveaux de vie les plus aisés, on constate que les individus sont respectivement 2%, 1,4% et 2,2% à ne pas avoir d’assurance santé. Les autres déciles (4 à 7) s’inscrivent dans la même veine.
La situation familiale et socio-professionnelle influe directement sur la non-couverture
Il ressort de la publication de l’Irdes que la situation familiale des personnes a une influence notoire sur le bénéfice d’une complémentaire santé. C’est ainsi que 9% des familles monoparentales et 7% des ménages complexes (en colocation, en regroupement familial…) ne bénéficiaient pas d’une complémentaire santé en 2019 contre 5% pour les personnes vivant seules et moins de 3% pour les personnes en couple. Le constat est similaire s’agissant du lieu de vie. Ainsi 9% des personnes résidant en quartier prioritaire n’ont pas d’assurance santé.
La situation professionnelle est également très impactante selon l’étude. Il en ressort que 14,4% des chômeurs n’ont pas de contrat d’assurance santé (cela monte à 20,3% pour les chômeurs de 1 à 2 ans). Les travailleurs indépendants sont 5,5% à être concernés. Sur ce terrain, l’Irdes croise les données de situation d’emploi et de niveau de vie. Le graphique reproduit ci-après montre que parmi les personnes les moins aisées, ce sont avant tout les retraités les plus touchés par la non-couverture en complémentaire santé.
Enfin, la situation des étrangers résidant en France dépasse toutes les autres statistiques en matière de non-couverture. Ce sont pas moins de 13% de cette population qui n’est pas couverte en complémentaire santé.
Les hommes sont davantage concernés par la non-couverture en assurance santé
Le dernier point intéressant soulevé par l’étude vise la différence d’attitude entre les hommes et les femmes. En effet, les hommes sont globalement plus enclins que les femmes à ne pas s’assurer en santé. Ils sont 7,2% à ne pas être assurés s’ils vivent seuls (contre 3% chez les femmes), et 8,3% s’ils sont en famille monoparentale (contre 3,7% chez les femmes). La statistique tombe à 3% s’ils sont en couple (contre 2,5 ou 2,7% chez les femmes).
Si l’on croise l’âge avec le niveau de vie, 10% des hommes du 1er quintile de revenu (le plus faible) n’ont pas d’assurance santé alors que les femmes sont 6,9%. Dès le 2e quintile, le taux tombe à 3,5% pour les hommes et 3,2% pour les femmes avant de passer sous les 3% pour les quintiles suivants.
Ce sont donc globalement des personnes précaires et sans emploi ainsi que retraitées qui sont les plus concernées par la non-couverture en assurance santé.