Bagarre de vieux crocodiles au MEDEF

La démission du comité statutaire rapportée par Les Echos la semaine dernière, ainsi que de la quasi-totalité du comité statutaire du MEDEF, n’a pas manqué de faire sourire les amateurs de divertissement patronal. Elle constitue une nouvelle étape dans la purge des “parisotiens” au sein de l’appareil patronal.  

Les raisons d’une démission

Ce mouvement de mauvaise humeur interne au MEDEF a une explication apparente: Pierre Gattaz a court-circuité le comité statutaire en proposant une réforme des statuts sans le solliciter. Du coup, sept des huit membres du comité ont décidé de démissionner. 

L’affaire ne manque pas de piquant quand on sait que la réforme proposée par Pierre Gattaz visait non seulement à limiter la présidence du MEDEF a un seul mandat à l’avenir, mais aussi à imposer une condition d’activité aux membres du comité statutaire. Or, le président du comité, Georges Drouin, est de longue date sorti de toute vie professionnelle. 

Pierre Gattaz a-t-il purgé Georges Drouin?

Georges Drouin est inconnu du monde patronal (et du grand public), mais son élimination par Pierre Gattaz n’a rien de surprenant. Le bonhomme, qualifié par ses proches de “MRP modèle 4è République”, cumule plusieurs handicaps.  

D’abord son âge avancé et son ancienneté: Georges Drouin use son fond de culotte sur les fauteuils du MEDEF depuis plus de 10 ans, et monopolise le comité statutaire depuis trois mandats présidentiels. Pour un MEDEF qui est engagé dans une compétition effrénée avec la CGPME, ce genre de retraité immuable commence à faire tâche.  

Ensuite son attachement à Laurence Parisot: Georges Drouin a toujours été l’exécuteur des basses oeuvre de la précédente présidente. Il était l’homme qui faisait les listes électorales, celui qui calculait le droit de vote de chaque fédération et qui préparait toutes les décisions importantes. Il a prêté main forte à Laurence Parisot lorsqu’elle a préparé, façon Poutine, la modification des statuts en 2013 pour assurer sa propre réélection.  

Enfin son style personnel: Georges Drouin est un apparatchik convaincu de sa très haute importance. Sorti des affaires depuis longtemps, il n’en arbore pas moins une certitude inébranlable sur le monde tel qu’il est, et surtout tel qu’il ne doit pas être, qu’il n’hésite jamais à infliger à ses ennemis… et à ses alliés. Il n’est guère étonnant que peu de monde se soit précipité pour lui apporter un soutien. 

La crise couve-t-elle au sein du MEDEF?

Pour Pierre Gattaz, l’annonce de cette démission collective n’est toutefois pas une excellente nouvelle. Le président du MEDEF ne semble pas parfaitement à son aise dans la machine patronale. Après une communication changeante sur le pacte de responsabilité, qui a hésité entre surenchère et lâchage en rase campagne du gouvernement (ce qui a insupporté sous les ors de la République), Gattaz semble régulièrement coupé du fond des dossiers. 

Ses dernières sorties sur la retraite complémentaire l’ont montré: alors que Claude Tendil s’engageit avec une vraie prudence tactique dans une négociation difficile, en évitant les mots qui fâchent, Gattaz donnait une interview où il faisait l’éloge de la capitalisation.  

C’est tout le paradoxe du MEDEF: alors que le gouvernement se montre attentif à ses revendications, son président paraît incapable de tirer profit de la bienveillance dont il est entouré. 

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