Affaire des salaires délirants : la CFTC nationale siffle la fin de la partie

Il y a deux semaines à peine, des révélations fracassantes relatives aux rémunérations délirantes de deux dirigeants de la CFTC Bâtiment : Patrick Del Grande, le président de l’organisation, et Carole Tykoczinsky, son adjointe, faisaient les gros titres de la presse et mettaient la CFTC dans l’embarras. Réunis hier à l’occasion d’un bureau extraordiaire, les dirigeants nationaux de la CFTC ont tapé du poing sur la table. 

Des chiffres “invraisemblables”

Par le moyen d’un communiqué publié à l’issue de la réunion du bureau extraordinaire, les dirigeants condéféraux de la CFTC ont tout d’abord tenu à faire part de leur condamnation du comportement des deux dirigeants de la CFTC Bâtiment. La CFTC considère que le “montant des rémunérations de ces deux administrateurs au sein de la fédération Batimat” constitue un “problème d’éthique tant vis-à-vis des caisses de Sécurité Sociale et du paritarisme, que vis-à-vis de ses adhérents et ses militants”. La CFTC déplore enfin “un préjudice moral en particulier contre son image et les valeurs qu’elle incarne”. Interrogé par nos soins, un membre du bureau confédéral dénonce vivement le comportement “profondément immoral” des deux syndicalistes – si l’on ose dire. “Les sommes dont il est question sont invraisembables” tonne-t-il. 

Suspension des mandats paritaires

Dans cette configuration plutôt indignée, le bureau national de la CFTC a d’abord décidé, comme l’indique son communiqué, de suspendre Patrick Del Grande et Caroline Tykoczinsky “de tous les mandats relevant de la Sécurité Sociale et interprofessionnels, dans l’attente d’une décision définitive du conseil confédéral”. Notre interlocuteur précise que cette suspension est conservatoire, puisqu’une prochaine réunion des instances nationales, en présence des deux intéressés, devra statuer définitivement sur les mandats qu’ils détiennent au nom de la CFTC. D’autre part, nous relevons que dans l’état actuel des choses, les mandats paritaires professionnels détenus par M. Del Grande et Mme Tykoczinsky ne sont pas concernés par cette suspension – ce qui, juridiquement, semble a priori logique. 

La CFTC 54 mise sous tutelle

Outre cette mesure, la CFTC a jugé bon de mettre sous tutelle la CFTC 54 – également tenue par M. Del Grande et Mme Tykoczinsky… Elle s’en explique en rappelant que l’UD CFTC 54 n’a pas organisé de congrès depuis longtemps déjà. La CFTC nationale confie “la tutelle à l’Union régionale Grand Est afin d’organiser un congrès au plus vite”. Parallèlement à cela, les dirigeants de la centrale chrétienne ont décidé de “diligenter un audit financier du syndicat BATI-MAT-TP CFTC de Meurthe-et-Moselle, de l’Union départementale et de la Fédération BATI-MAT-TP, sous la responsabilité de la trésorière confédérale”. Gageons que les résultats de cet audit devraient s’avérer fort instructifs, tant les deux dirigeants cétécistes lorrains semblent avoir su faire preuve d’ingéniosité financière et comptable dans leurs montages paritaro-syndico-immobiliers ! 

Un sale pétrin

Ayant clairement commencé à prendre ses responsabilités dans cette affaire, la CFTC nationale n’entend toutefois pas être la seule à agir de la sorte. “M. Del Grande a la Légion d’honneur”, souligne notre interlocuteur, qui poursuit : “Ceci signifie qu’il bénéficie de puissants soutiens”. Autrement dit : que tous ces soutiens prennent eux aussi le taureau par les cornes. Notre source tient toutefois à affirmer que cet appel à une prise de conscience générale ne saurait en aucun cas constituer une manière de déresponsabiliser la CFTC nationale : “Rappeler que ces deux personnes sont soutenues ici ou là ne saurait en aucun cas constituer, pour nous [les dirigeants nationaux de la CFTC], une manière de nous dérober. Chacun doit évidemment faire le ménage devant sa porte”. Ceci allait sans dire. Mais mieux valait tout de même le dire. 

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