Voulu et mis sur pied par le Premier ministre François Bayrou afin de permettre aux partenaires sociaux de statuer sur l’avenir des régimes de retraite, le conclave sur les retraites, officiellement renommé depuis “délégation paritaire permanente retraite” n’en finit décidément pas d’encaisser des coups durs.
Après le départ de FO et la multiplication des déclarations gouvernementales intempestives, on apprend que l’U2P a décidé de se retirer du conclave – qui apparaît être à l’agonie.
Dans un communiqué qu’elle a publié ce jour, la confédération patronale de l’artisanat, du commerce et des professions libérales a fait état de sa décision “de mettre fin à sa participation à la délégation paritaire permanente « Retraite »”. Revenant sur les motifs de sa décision, l’U2P invoque une articulation entre les perspectives comptables et financières de la retraite telles qu’établies par le dernier rapport de la Cour des Comptes, le financement de l”impératif de réarmement de la nation mis en avant par le chef de l’Etat et la situation budgétaire très contrainte du pays.
Le refus de l’U2P d’un conclave aux allures d’orchestre du Titanic
“Est-il vraiment sérieux dans ce contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise pour accéder à la retraite ? Comment croire que la solution viendra d’un alourdissement du poids de notre protection sociale qui est déjà parmi les plus généreuses au monde ?” interroge dès lors l’U2P. A ces questions, son président Michel Picon fournit une réponse claire. “Le bateau France est en train de prendre l’eau et l’orchestre des partenaires sociaux continuerait de jouer comme si de rien n’était ? L’U2P s’y refuse”. “La priorité n’est pas de charger la barque des dépenses sociales mais d’assainir les finances publiques en vue de rétablir la confiance des Français dans leur système de retraites” ajoute-t-il.
Contre ces orientations, l’U2P promeut ses propres solutions. Elles reposent d’abord sur la nécessité de créer davantage de richesses, en travaillant plus. “Les artisans, les commerçants de proximité, les professionnels libéraux, tous ceux qui sont à la tête d’une petite entreprise, qui travaillent bien au-delà de la moyenne des Français […] ne peuvent entendre plus longtemps les sirènes appelant à travailler moins longtemps” affirme en l’occurrence Michel Picon. S’agissant des régimes de retraite, l’U2P infère de ceci qu’il faudra “repousser l’âge légal de départ à la retraite au-delà de 64 ans” – en prenant en compte l’usure professionnelle et l’espérance de vie en bonne santé des différentes catégories d’actifs.
Outre ces solutions, l’organisation patronale en promeut d’autres afin de rééquilibrer les comptes sociaux. Elle défend notamment la sous-indexation des pensions de retraite par rapport à l’inflation. Surtout, elle défend une réforme du mode de financement de la protection sociale, “en vue d’améliorer le pouvoir d’achat des actifs”. Cette réforme passerait par un élargissement de l’assiette de ce financement. “Pour cela il convient de rapprocher le salaire net du salaire brut, en transférant vers d’autres sources de financement, les charges qui n’ont pas de lien direct avec le travail (famille, maladie, autonomie)” explique en effet l’U2P.
En attendant, et dans l’immédiat, le conclave s’enfonce dans une crise dont on voit aujourd’hui mal comment il pourrait se relever.