Mardi soir, trois responsables de premier plan des principaux blocs politiques présents aux élections législatives anticipées : Gabriel Attal pour le camp macroniste, Manuel Bompart pour le Nouveau Front Populaire (NFP) et Jordan Bardella pour le Rassemblement National (RN) ont débattu sur TF1 de divers sujets, dont celui des retraites.
Les propositions du RN sur les retraites ont été quelque peu commentées, conduisant Marine Le Pen à reprendre la parole hier sur ce thème.
Des paramètres liés au type de carrière des assurés
Présentant le projet du RN dans le domaine des retraites, Jordan Bardella a mis en avant le fait qu’il est fondé sur le principe de “justice sociale”. En effet, s’il a évoqué la perspective d’un “âge pivot” de la retraite autour de 62 ans, ainsi qu’une durée modale de cotisation de 42 annuités, ces chiffres, en cas d’accession du RN au pouvoir, seraient, dans les faits, définis en fonction du type de carrière des salariés. De manière schématique, ceux qui ont commencé à travailler jeunes, ayant effectué une “carrière longue”, partiraient plus tôt et auraient besoin de moins d’annuités de cotisation que ceux qui ont commencé à travailler plus tard.
“Ceux qui ont commencé avant 20 ans – car ce sont des métiers difficiles qui n’ont pas la chance de travailler dans des bureaux climatisés durant l’été et chauffés durant l’hiver – [pourraient] partir, dès l’automne, avec un temps de cotisation de 40 annuités et un âge de départ légal de 60 ans” a ainsi expliqué Jordan Bardella. Il a par ailleurs pris l’exemple des salariés ayant commencé à travailler à 24 ans : ils devraient cotiser 42 annuités et pourraient donc partir à la retraite à 66 ans. Le chef de file du RN n’a pas précisé s’il entendait maintenir – et le cas échéant, à quel âge – l’âge de départ sans décote quelle que soit la durée de cotisation, âge aujourd’hui fixé à 67 ans. “Je préfère prioriser les Français qui ont commencé à travailler très tôt, au-delà, c’est normal qu’il y ait une progressivité qui se mette en place” a-t-il justifié.
Marine Le Pen à la rescousse sur les retraites
Ces explications de Jordan Bardella ont, très rapidement, suscité un certain nombre de commentaires plus ou moins ironiques de la part de représentants des deux autres principaux camps politiques. Sur X, Yaël Braun-Pivet, la présidente sortante de l’Assemblée Nationale a ainsi moqué le fait que “la retraite à 60 ans sur TikTok” allait donner lieu, en réalité à la retraite “à 66 ans”. “Même le Medef n’en espérait pas autant”, a déploré le sénateur communiste Pierre Ouzoulias. D’autres personnalités politiques, surtout issues de la gauche ou du centre ont, elles aussi, souligné que, tel que présenté mardi soir sur le plateau de TF1, pour de nombreux salariés, le projet du RN se traduirait par un nouveau recul de l’âge de la retraite par rapport à la situation actuelle – pourtant issue d’une réforme que le RN avait dénoncé.
Constatant que les propos du dirigeant du RN sur les retraites donnaient lieu à des interprétations diverses et variées, Marine Le Pen a fini par s’exprimer hier sur le sujet. Sur X, elle a déploré le fait que les adversaires de son parti “racontent n’importe quoi sans se rendre compte que c’est leur crédibilité que cela entame”. Escomptant clore la polémique sur le projet du RN, elle a reprécisé, à l’aide d’un tableau, sa proposition pour une réforme des retraites articulant “justice sociale et incitation à l’activité des jeunes”. Ce tableau permet de comparer le projet du parti de la droite radicale aux éléments contenus dans la dernière réforme des retraites décidée par le Président de la République.