Loi Pacte : le seuil de 50 décalé à 70 ?

Dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de loi Pacte, les sénateurs ont voté, la nuit dernière, les dispositions relatives à la simplification des seuils sociaux – déclenchant des obligations fiscales et sociales pour les entreprises.

 

S’il est intéressant de relever qu’à l’occasion de ce vote, le Sénat a dépassé le gouvernement par sa droite, on retiendra surtout le fait que le gouvernement entretient le flou au sujet du seuil des 50 salariés. 

Assouplir les seuils, pour l’emploi

Défendant son projet de loi devant les sénateurs, le ministre de l’Economie Bruno le Maire, a réaffirmé qu’une simplification et un allègement des seuils sociaux allaient servir la croissance économique et donc l’emploi. “C’est un pari qui va permettre de démultiplier enfin le nombre d’emplois dans notre pays” a-t-il ainsi déclaré d’après l’AFP. Il a précisé qu’il était prévu que les PME économisent “600 millions d’euros” du fait de cette réforme des seuils sociaux. 

Comme nous l’avions déjà expliqué, cette dernière consiste d’une part à réorganiser les seuils sociaux autour de trois d’entre eux : les seuils fixés à 11, 50 et 250 salariés – il existe près de 50 seuils actuellement. D’autre part, la réforme consiste, pour les entreprises franchissant un seuil donné, en l’instauration d’une franchise de cinq ans pour le respect des obligations liées à ce seuil. 

Le Sénat à la droite de Jupiter

Bien que le projet de loi de Monsieur le Maire ne fût déjà pas précisément de nature à plaire à la “gauche” et aux syndicats des salariés, les sénateurs, majoritairement issus de la droite républicaine, ont entrepris de durcir nettement le texte gouvernemental. 

En particulier, contre l’avis du gouvernement, ils ont relevé de 200 à 250 salariés l’obligation de mise à disposition d’un local syndical commun dans l’entreprise. Surtout, ils ont voté un amendement relevant à 100 salariés tous les seuils fixés à 50 salariés. 

Tirant profit de ces rodomontades sénatoriales, Bruno le Maire pouvait s’offrir le luxe de camper une position que même Philippe Martinez aurait pu saluer. Il a en effet dénoncé le relèvement de seuil relatif au local syndical comme étant une vraie régression sociale”, “une vraie provocation pour toutes les organisations syndicales” – alors même qu’un temps, le gouvernement avait sérieusement songé à la mettre lui-même en oeuvre… En outre, il a affirmé son désaccord avec la réévaluation à 100 salariés des seuils fixés à 50 salariés : “Nous ne souhaitons pas y toucher”. 

Le seuil de 50 porté à 70 ?

Que nos lecteurs se rassurent toutefois : la petite escapade à gauche toute du ministre de l’Economie a été brève. La dépêche AFP relatant le vote des sénateurs sur les seuils, lisible ici par exemple, comportait une citation d’un propos potentiellement très important du ministre mais pourtant pas repris dans les articles de presse consacrés à ce vote. 

“Un peu plus tôt dans la soirée, Bruno Le Maire avait fait un pas vers la droite, n’excluant pas la possibilité de “décaler à 70” le seuil de 50 salariés. Mais “hors de question de toucher aux organisations représentatives du personnel”, avait-il pris soin de préciser” peut-on lire dans cette dépêche AFP. Autrement dit : quoi qu’il en soit de ces vives critiques du vote des sénateurs, Bruno le Maire ne fermerait pas la porte au fait de transformer le seuil de 50 salariés en un seuil de 70 salariés. Un changement notable qui, à n’en pas douter, susciterait la colère des partis de “gauche” et des syndicats. 

Contacté afin d’avoir de plus amples précisions au sujet de ce propos, le cabinet de M. le Maire confirme que Bruno le Maire a bien tenu ces propos à l’AFP. Et qu’il les assume donc. 

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Quand la relation intime entre deux salariés devient un motif de licenciement

La relation intime d'un responsable d'entreprise peut avoir des conséquences professionnelles s'il les cache à sa direction. C'est ce qu'a récemment rappelé la Cour de cassation dans une décision rendue le 29 mai 2024. Elle s'y prononce sur le licenciement pour faute grave d'un responsable d'entreprise qui a caché à son employeur sa relation avec une autre salariée de l'entreprise, laquelle est titulaire...
Lire plus

Indemnité de cantine fermée “covid” : le juge tranche en défaveur des télétravailleurs

La crise sanitaire de 2020 a provoqué la fermeture de nombreux lieux de rassemblement de population, dont la fameuse cantine d'entreprise. Or, certaines entreprises ont dû maintenir une activité dans leurs locaux pour assurer la continuité de service. Dans ce cadre, une indemnité dite de cantine fermée a été mise en place pour permettre aux salariés présents de ne pas être lésés par la fermeture du restaurant normalement accessible dans le cadre de leur emploi. Mais cette indemnité a fait naître quelques litiges, dont...
Lire plus

Obligation de prévention et sécurité : c’est à l’employeur de montrer patte blanche en cas d’accident

En entreprise, l'employeur est tenu de respecter des mesures de prévention et sécurité afin de protéger la santé de ses salariés. Les dispositions du code du travail encadrent cette obligation avec précision. Mais que se passe-t-il en cas de manquement de l'employeur ? Le salarié peut-il considérer que cette violation de ses obligations légales par l'entreprise constitue un motif de rupture de contrat de travail aux torts de l'employeur ? Dans ce cas, sur qui repose la charge de la preuve ? C'est à cette question que...