Selon Guy Ryder Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), « la faiblesse de la reprise économique continue de peser fortement sur les marchés du G20 tandis que, réciproquement, la pénurie chronique d’emplois décents nuit à la reprise ». Le Directeur de l’OIT participe à la réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G20 et à leur réunion conjointe avec les ministres des Finances du G20 organisées depuis vendredi à Ankara.
Un rapport préparé à cette occasion par plusieurs organisations internationales postule que la mauvaise conjoncture actuelle dans les pays du G20 en matière de croissance économique et de création d’emplois résulte d’un cycle de faible croissance des salaires et des revenus qui s’autoalimente et conduit à un déficit de demande globale, un manque de confiance et d’investissement des entreprises et une reprise insuffisante du marché du travail.
Le rapport de l’OIT, de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et du Groupe de la Banque mondiale, intitulé Les marchés du travail du G20: renforcer les liens entre croissance et emploi, montre que dans les économies du G20 la croissance fut en moyenne de 3,2 pour cent au cours des trois dernières années, contre 4,1 pour cent entre 2000 et 2007. Selon le rapport, la principale raison de cette création d’emplois faible et décevante n’est pas le déclin de l’intensité d’emploi de la croissance économique mais plutôt que la croissance économique elle-même est trop faible pour créer suffisamment d’emplois.
L’Organisation internationale du travail estime la pénurie d’emplois à 50 millions dans l’ensemble du G20 par rapport au début de la crise. La croissance des salaires a connu un net ralentissement qui, conjugué avec le déficit d’emplois, a abouti à un déclin de la part du travail dans le revenu national et à une montée des inégalités dans la plupart des économies du G20.
Guy Ryder considère que « la réunion conjointe des ministres de l’Emploi et des Finances peut être extrêmement utile aux dirigeants du G20 en intégrant des initiatives politiques qui agissent du côté de la demande et de l’offre sur les marchés du travail, aidant ainsi le G20 à retrouver la voie d’une ambition de croissance de 2 pour cent et favorisant une croissance inclusive ».
La qualité de l’emploi doit aussi être appréhendée au même titre que sa quantité. La plupart des emplois créés durant les cinq dernières années étaient des emplois à temps partiel. Or, l’OIT considère que ce type d’emploi procure généralement une rémunération moyenne plus faible, un niveau de sécurité d’emploi inférieur et une moindre couverture de protection sociale. Dès lors, selon l’Organisation du travail, créer des emplois à temps partiels ne permet pas de soutenir la consommation des ménages et la demande globale autant que le travail à temps plein. La forte proportion de travailleurs précaires montre que l’informalité, la faible rémunération et la faible productivité sont des problèmes constants et persistants.
Le Directeur de l’OIT conclu par cette exhortation : « Nous devons adopter une approche globale et multisectorielle pour enrayer le cycle vicieux actuel qui allie croissance molle, faible création d’emplois, croissance lente des salaires et des revenus et investissements insuffisants. Les politiques qui réussiront à inverser cette tendance inquiétante au creusement des inégalités peuvent à la fois accélérer la reprise économique et rendre la croissance plus inclusive ».