Marie-Alice Medeuf-Andrieu (FO) : la fusion des branches “ne doit pas servir d’alibi de rattachement au profit des branches les moins porteuses de droits”

Afin de permettre à ses lecteurs de suivre le dossier de la fusion des branches, BI&T a décidé d’interroger pour eux les principaux responsables qui en sont chargés. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Marie-Alice Medeuf-Andrieu, secrétaire confédérale de la CGT-FO. 

 

1) Force Ouvrière estime-t-elle nécessaire l’objectif de réduction du nombre de branches d’activité ? 

Un grand nombre de branches sont aujourd’hui inactives, avec encore des grilles salariales en francs. Il est parfois difficile de retrouver dans les archives les accords de certaines branches, y compris pour l’administration du travail. 

Faire le point est nécessaire, et rattacher les branches « mortes » à des branches plus actives apparaît primordial.  

Depuis des années, Force ouvrière revendique cet état des lieux qui existe uniquement pour les branches de plus de 5000 salariés, dans le cadre du suivi des négociations salariales pour la vérification de la conformité au SMIC (soit 174 branches du secteur général sur les 700 branches existantes). 

 

2) Force Ouvrière considère-t-elle que les salariés français ont quelque chose à gagner à cette réduction ? 

S’il s’agit de rattacher des branches mortes à des branches plus actives, oui, les salariés y ont un intérêt, dans la mesure où ils pourront bénéficier d’une couverture conventionnelle plus attractive. 

Cependant ce chantier ne doit pas servir d’alibi de rattachement au profit des branches les moins porteuses de droits, ou de revenir sur les droits des salariés dans le cadre des négociations de fusions. 

Il convient pour Force ouvrière de rester vigilant sur la méthode utilisée. Seules la transparence et la concertation avec les interlocuteurs sociaux, acteurs de la négociation collective, peuvent garantir une restructuration de qualité. 

C’est une opportunité pour FO de relancer la nécessité d’une couverture conventionnelle totale (100 % contre 93 % à ce jour). 

 

3) Une diminution du nombre de branches est-elle porteuse d’opportunités pour le syndicalisme français ? 

Si l’objectif de la diminution du nombre de branches est de les rendre plus fortes et faciliter ainsi la négociation, en octroyant les moyens nécessaires alors oui, ce chantier pourrait être favorable au syndicalisme français dont la mission est de défendre l’intérêt des salariés, de leur apporter des garanties et des droits. 

Pour Force ouvrière, la branche est le meilleur niveau de négociation qui permette de garantir une égalité de droits pour tous les salariés relevant d’un même secteur d’activité. 

Cependant, à l’heure de la déréglementation du droit du travail, de l’effondrement du principe de faveur et de la hiérarchie des normes, nous restons très perplexes et interrogatifs sur le futur rôle que l’on prétend donner à la branche. 

 

4) Jugez-vous accessible et crédible le calendrier gouvernemental ? 

Le Gouvernement s’est fixé un objectif de réduction de 700 branches à 100 branches d’ici dix ans. 

Si la question de la représentativité patronale est bien maîtrisée et équilibrée l’objectif de 10 ans peut être acceptable. En effet, tout dépendra de la représentativité patronale qui joue un rôle important dans la création et la dénonciation des conventions collectives de branche. 

Mais le chantier s’avère très vaste. Derrière la restructuration des branches existe plusieurs éléments de fond. 

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