Cet article provient du site du syndicat de salariés CFDT.
La deuxième conférence du dialogue social s’est tenue lundi 26 octobre à Matignon.
Un nouveau dispositif de « transition professionnelle collective » est lancé.
La réforme de l’assurance chômage est repoussée de trois mois.
C’est dans un climat lourd que la deuxième conférence du dialogue social s’est déroulée lundi 26 octobre au matin à Matignon. La dégradation de la situation sanitaire fait en effet peser de grandes incertitudes quant à l’avenir. Le Premier ministre a d’ailleurs commencé cette réunion réunissant l’ensemble des organisations syndicales et patronales par dresser un bilan de la situation, avant de rentrer dans le vif du sujet. Trois mois après la première conférence de dialogue social du 17 juillet, l’objectif de cette rencontre était de faire un premier bilan des mesures décidées par le gouvernement cet été et examiner les points positifs, les points de vigilance et les améliorations possibles.
Les mesures pour les jeunes
Le premier constat largement partagé par les partenaires sociaux est que les mesure en faveur des jeunes semblent porter leurs fruits. Les indicateurs sont en effet encourageants. Le nombre d’embauches est en hausse par rapport à 2019 à la même époque pour les moins de 26 ans et reste stable chez les moins de 30 ans. Le marché du travail est incontestablement plus dynamique pour cette catégorie de salariés par rapport au reste de la population.
Les chiffres de l’apprentissage sont également très positifs. Alors que la crise laissait craindre un effondrement des entrées en formation, il n’en est rien. 310 000 contrats ont été signés, soit un rythme similaire à 2019 qui était une année record. Des secteurs professionnels comme l’agriculture, l’agro-alimentaire ou le bâtiment sont particulièrement dynamiques et pallient d’autres secteurs touchés par la crise.
Seul bémol dans ce satisfecit général, l’accompagnement des jeunes décrocheurs. Les entrées dans le dispositif « garantie jeune » accusent un retard par rapport aux objectifs fixés. Une des raisons avancées serait que les règles sanitaires rendent plus difficile l’organisation des sécessions en nécessitant notamment de diminuer la taille des groupes.
L’activité partielle de longue durée
Le deuxième constat jugé positif est la montée en puissance des accords sur l’activité partielle de longue durée (APLD). Selon le gouvernement, 3600 entreprises (200 000 salariés concernés) et 5 branches professionnelles ont négocié cette mesure nouvelle. Et 20 autres branches seraient en cours de négociation. Contre toute attente, trois quarts des accords signés concernent des entreprises de moins de 50 salariés. La CFDT qui reconnait que cette dynamique est un bon signe pour le dialogue social, regrette toutefois que le volet formation des accords soit en deçà des attentes. « Alors que l’Etat peut prendre en charge une grande partie des frais pédagogique, les formations proposées aux salariés en activité partielle ne sont pas à la hauteur, insiste le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau. C’est un axe d’amélioration certain. Les entreprises doivent proposer des formations qui permettent une réelle montée en compétence afin de préparer l’avenir. »
La transition professionnelle collective
Outre le premier bilan des mesures, cette deuxième conférence du dialogue social a également été l’occasion de lancer un nouveau dispositif pour organiser les transitions professionnelles collectives. Une idée portée par la CFDT et plus généralement par l’ensemble des partenaires sociaux depuis plusieurs semaines et qui a obtenu un arbitrage favorable de la part de l’Etat lors de cette rencontre. Concrètement, le gouvernement a débloqué 500 millions d’euros via le FNE (Fonds national de l’emploi) pour prendre en charge en totalité (pour les entreprises de moins de 300 salariés) ou pour partie (les entreprises de plus de 300 salariés) les salaires et les frais pédagogiques des salariés qui entreraient dans un dispositif de reconversion collectif. L’idée est d’accompagner via des plateformes territoriales (gérées par les partenaires sociaux) les entreprises dont une partie des métiers seraient vouées à disparaitre. Les salariés (qui conserveraient leur contrat de travail) seraient alors formés à un nouveau métier jugé attractif dans leur bassin d’emploi (d’où la gestion territorialisée) afin d’évoluer au sein ou en dehors de leur entreprise. « Ce dispositif collectif doit venir en complément du CPF de transition professionnelle qui est un droit individuel à la reconversion », résume Yvan Ricordeau. Les derniers ajustements seront décidés ces prochaines semaines pour un lancement du dispositif en début d’année 2021. Pour la CFDT, c’est un vrai motif de satisfaction d’avoir été entendu sur ce point essentiel si l’on veut obtenir des résultats en matière de reconversion professionnelle à grande échelle.
L’assurance chômage
Le dernier point marquant de cette conférence de dialogue social aura été l’annonce par le Premier ministre d’un nouveau report de trois mois de la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage, soit au 1er avril 2021. Officiellement, il s’agit de donner du temps aux partenaires sociaux pour se mettre d’accord sur de nouveaux ajustements. Dans les faits, il semble bien que le gouvernement se soit rangé à l’avis général qu’il n’est pas souhaitable aujourd’hui de durcir les conditions d’accès à l’assurance chômage, ni de diminuer le montant des allocations. « Cette réforme, petit à petit, on est en train de faire la démonstration qu’elle n’est pas du tout adaptée à la période » a résumé Laurent Berger à sa sortie de Matignon. « Ce point d’étape a été utile, même s’il faut rester prudent sur les premières analyses au vu de la situation sanitaire et économique qui reste extrêmement fragile », conclut Yvan Ricordeau.