Réforme des retraites : Emmanuel Macron fait un pas vers la CFDT

Interviewé hier soir sur France 2, à l’issue du sommet du G7, le Président de la République Emmanuel Macron s’est exprimé, entre autres choses, au sujet de la réforme des retraites.

 

En se prononçant en faveur d’un taux plein de la retraite qui serait conditionné non pas par une référence à une borne d’âge mais par une référence à une durée de cotisation, il a fait un pas vers la CFDT. 

Vers un abandon de l’âge de la retraite

Après de longs mois de polémiques publiques relatives à l’âge du départ à la retraite qui sera mis en oeuvre dans le cadre de la future réforme des retraites, et après que Jean-Paul Delevoye s’est lui-même prononcé pour un maintien de l’âge légal à 62 ans accompagné d’un “âge pivot” – soit l’âge du taux plein – à 64 ans, le Président de la République vient enfin de donner son avis sur la question. D’après lui, la justice sociale imposerait, afin de définir le taux plein des pensions, de se référer non plus à un âge minimal de départ à la retraite mais à une durée de cotisation minimale. 

Afin “que ce soit juste […], je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge”, a-t-il affirmé, se justifiant ainsi : “car si vous avez un accord sur la durée, si vous commencez plus tard, vous finissez plus tard, et quand vous commencez plus tôt vous partez plus tôt”. Ainsi donc, M. Macron se montre prêt à renoncer à une mesure sur l’âge de la retraite, immédiatement profitable au budget de l’Etat mais socialement moins juste, au profit d’une mesure sur la durée de cotisation, socialement plus juste mais aux effets moins rapidement perceptibles pour les finances publiques. 

Une main tendue à la CFDT ?

Les dirigeants des organisations salariales n’ont pas dû manquer d’écouter attentivement les propos du chef de l’Etat au sujet de la réforme des retraites. Formulée comme telle, la proposition d’Emmanuel Macron peut fort bien avoir semblé intéressante à Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Clairement opposé – comme d’ailleurs l’ensemble des dirigeants syndicaux – à l’idée de l’instauration d’un âge pivot de la retraite, il pourrait en revanche considérer plus acceptable la mise en place d’une sorte de durée de cotisation pivot, pour la même raison de justice sociale que celle invoquée par le Président de la République. 

Tout comme la CFDT, la CFTC pourrait elle aussi se satisfaire de ce changement de position de l’exécutif. Il n’est, certes, pas garanti qu’il plaira tout à fait à la CFE-CGC, dans la mesure où les cadres, qui débutent leur carrière professionnelle plus tard que les employés ou les ouvriers, risquent d’être pénalisés par une référence à la durée de cotisation. Précisons enfin qu’il est très improbable que cette évolution de la doctrine gouvernementale sur la réforme des retraites suffise à la faire accepter par la CGT et FO. 

Une “grande négociation” sur les retraites

Bien lancé dans sa promotion de la réforme des retraites, le Président de la République a profité de sa prise de parole télévisée pour assurer que l’élaboration de cette grande réforme se ferait non pas de manière technocratique et hors du débat public, mais au contraire de manière ouverte, par le moyen d’une “grande négociation”. “Je veux que cette réforme incarne un changement de méthode”, a-t-il en l’occurrence assuré, poursuivant : “on va la construire tous ensemble cette réforme”. 

Attachée à la négociation sociale, la CFDT devrait là encore apprécier cet appel aux échanges nourris en vue d’élaborer le futur système universel de retraite. Reçue, comme l’ensemble des partenaires sociaux, les 5 et 6 septembre à Matignon afin d’engager la “grande négociation” sur la réforme des retraites, la CFDT devrait aborder cette rencontre avec une disponibilité d’esprit certaine. 

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