Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat: FO
Le climat ambiant n’y est certainement pas pour rien. La forte mobilisation des personnels d’EDF à plusieurs reprises ces derniers mois y est sûrement pour beaucoup. L’Etat, actionnaire majoritaire, a annoncé qu’il renflouera les caisses de l’entreprise de 3 milliards d’euros. Tout n’est pas réglé pour autant. Loin s’en faut.
Les mesures annoncées lors du Conseil d’administration d’EDF du 22 avril sont « contrastées, les unes allant dans le bon sens, les autres présentant des incertitudes et des risques pour le personnel », jugent les fédérations FO, CGT et CGC de l’Energie, dans un communiqué commun ce lundi 25 avril.
La direction assure qu’il n’y aura pas de suppressions d’emplois supplémentaires
Tout en assurant que cela ne se traduirait pas par des suppressions d’emplois supplémentaires, la direction a néanmoins confirmé sa volonté de réduire ses charges d’exploitation de un milliard d’euros.
Les trois fédérations syndicales ont pris acte de cette déclaration et rappelé leur opposition aux suppressions d’emplois déjà annoncées en début d’année.
La direction et l’Etat, actionnaire à près de 84,5%, ont annoncé une augmentation du capital d’EDF de 4 milliards d’euros. L’Etat a fait savoir qu’il y contribuera à hauteur de 75% et qu’il renonçait à percevoir ses dividendes en cash pendant deux ans, acceptant de les remplacer par des actions. Des actions qu’il pense certainement pouvoir revendre plus tard pour en tirer de nouvelles liquidités. « La vraie question aurait été de réduire le montant du dividende en le connectant aux réalités économiques d’EDF, au lieu de voir l’entreprise s’endetter pour les
verser ! », souligne le communiqué des fédérations syndicales.
Questions sans réponse
De plus, elles s’interrogent « sur les marges de manœuvre dont dispose l’Etat » pour mener à bien cette recapitalisation, alors qu’il n’a toujours pas procédé à celle annoncée d’AREVA. Surtout, peut-on ajouter, dans le cadre d’une politique d’austérité générale.
Selon la vieille méthode, « déshabiller Paul pour habiller Pierre », le gouvernement a d’ores et déjà indiqué que pour financer EDF, l’ouverture du capital de sa filiale RTE (gestionnaire du réseau public de transport d’électricité) serait mise en œuvre « d’ici fin 2016 ». L’intersyndicale a réaffirmé être « résolument opposée à toute cession de RTE qui ne respecterait pas les intérêts stratégiques de la France ».
Autre question sans réponse : si l’Etat prend en charge 3 milliards d’augmentation sur quatre, qui va payer le dernier milliard ?
Enfin, quid des projets de fermetures de centrales thermiques ? Quid du projet de fermeture de la centrale Fessenheim ? Quid de la privatisation des centrales hydrauliques ? Autant de questions majeures que les trois milliards d’euros de l’Etat ne suffiront pas à résoudre.
Le CCE sera consulté sur le projet Hinkley Point : une -première- victoire
Après avoir fait la sourde oreille, le Président d’EDF a annoncé qu’il consulterait finalement le CCE sur le projet de construction de deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point au Royaume-Uni. Depuis plusieurs mois, les organisations syndicales, à commencer par FO, demandent le report de ce projet contestant, en l’état actuel des choses, sa viabilité financière et industrielle.
Alors que la décision finale d’investissement sur ce projet était attendue pour début mai, la consultation du CCE va la reporter de facto de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Mais, si les organisations syndicales saluent cette « victoire », elles soulignent que la décision d’investissement devrait être reportée « au-delà de 2016 ». Elles rappellent en effet que « ce délai doit être mis à profit pour disposer du retour d’expérience de l’intégralité de la construction d’un EPR (il existe quatre EPR dans le monde mais aucun n’a encore fonctionné à ce jour, ndlr), mais aussi s’assurer d’une bonne coopération franco-britannique sur une version optimisée de l’EPR, ce qui implique de reporter la décision d’investissement au-delà de 2016. »