Aujourd’hui a lieu l’élection du nouveau président de l’UIMM, en replacement de Frédéric Saint-Geours. Pour les partenaires sociaux, y compris hors de la métallurgie, le scrutin est porteur de plusieurs enjeux majeurs, qui pourraient bouleverser le paysage patronal.
La métallurgie aujourd’hui, c’est quoi?
Alors que l’économie française est en plein bouleversement numérique, le premier sujet de l’élection à la présidence de l’UIMM est bien de “positionner” la voix de la métallurgie. Celle-ci correspond-elle encore à l’image traditionnelle de l’industrie, que portait Frédéric Saint-Geours, dirigeant de Peugeot? Ou bien doit-elle évoluer vers des secteurs d’activité plus “modernes”? Si aucun des trois candidats actuels n’appartient explicitement au secteur des nouvelles technologies (dont une part adhère pourtant à l’UIMM), Jérôme Frantz, patron d’une PME, correspond plus au profil “innovant” que ses deux concurrents.
Le fait qu’un patron de PME candidate officiellement au poste est un autre signal: l’industrie métallurgique française doit-elle désormais donner la parole à ses “petits adhérents”, ou doit-elle porter de façon intacte la tradition du Comité des Forges qui regroupait les grands acteurs de la sidérurgie?
Derrière ces questions, c’est la représentation collective de l’industrie en France aujourdh’ui qui est en jeu. Devons-nous préserver le rôle des géants traditionnels, ou bien nous ouvrir à une vision renouvelée, plus modeste, plus “agile”, du secteur?
L’avenir du paritarisme
L’UIMM est la gardienne de la tradition paritaire. A plusieurs reprises, l’actuel délégué général Jean-François Pilliard, l’a préservée contre le bouillonnement de Pierre Gattaz. Son intervention a notamment pesé au moment de la négociation de la convention d’assurance-chômage. L’élection à la présidence de l’UIMM sera lourde de conséquence sur le positionnement patronal global sur ce sujet. L’UIMM dispose en effet d’un véritable pouvoir d’influence sur l’ensemble patronal. Un basculement de l’UIMM dans une logique moins fidèle à l’esprit du CNR et de 1945, et dans une logique plus sensible à la liberté de l’entreprise et à la représentation syndicale en son sein pourrait fortement modifier les équilibres actuels.
La négociation échouée sur la modernisation du dialogue social a montré qu’une frange importante du patronat reste attachée à une structuration des relations industrielles où l’action syndicale est absente de l’entreprise et puissante dans le monde paritaire.
La porosité à la grogne patronale
L’UIMM s’est imposée ces derniers mois comme un partenaire majeur du gouvernement dans la gestion de la grogne patronale. L’UIMM est la première fédération à avoir conclu un accord sur le pacte de responsabilité, et l’UIMM modère beaucoup les positions patronales en les rendant audibles pour le gouvernement. Une modification de la gouvernance de l’UIMM pourrait “durcir” le ton patronal général et conduire à un affrontement plus direct avec le gouvernement.