Retraites : la division règne entre les partenaires sociaux

Avec l’annonce du retrait temporaire de l’âge-pivot de la réforme des retraites, les partenaires sociaux sont plus que jamais divisés.

La CFDT salue le geste du gouvernement :

En annonçant le retrait de l’âge pivot du projet de loi, afin de laisser la main aux partenaires sociaux en matière de financement des retraites, comme le demandait la CFDT, le Premier ministre a fait un premier pas pour la première fois depuis le début de la concertation. Les marges de manœuvre restent toutefois contraintes et d’autres sujets restent encore en suspens, notamment celui de la pénibilité. 

Un geste d’ouverture. Après des semaines d’intenses tractations, le Premier ministre a finalement décidé de saisir la proposition de sortie de crise de la CFDT, en acceptant de retirer du projet de loi la mise en place dès 2022 du fameux « âge pivot » et en convoquant une conférence de financement afin de laisser une chance aux partenaires sociaux de se mettre d’accord sur des mesures alternatives afin d’assurer l’équilibre du système à court terme. 

Des discussions très encadrées 

Si la CFDT a salué cette décision qui doit permettre de relancer la concertation sur des bases plus saines, l’ouverture reste toutefois limitée. Dans la lettre qu’il a adressée aux partenaires sociaux, le 11 janvier, le Premier ministre encadre les discussions à venir. Il exige en effet que la conférence de financement finisse ses travaux « d’ici la fin du mois d’avril » et que l’accord, susceptible d’être trouvé entre les partenaires sociaux, n’entraîne ni baisse des pensions, ni hausse du coût du travail. 

Les mesures doivent en outre garantir l’équilibre du système dès 2027 sur la base des estimations du Conseil d’orientation des retraites, présentées en 2019. Enfin, s’il renonce à l’instauration d’un âge pivot dès 2022 (en cas d’accord des partenaires sociaux), il réaffirme dans sa lettre son attachement à un âge pivot (baptisé âge d’équilibre) dans le futur système universel (qui concerne les personnes nées à partir de 1975 et entrera en vigueur en 2037). 

Une distinction qui n’est pas aisément compréhensible pour le grand public, mais qui concentre les travaux de la conférence sur le court terme essentiellement. Nul doute que l’enjeu des discussions qui vont s’engager sera dans un premier temps de trouver les voies permettant de desserrer une partie de ces contraintes. « Afin d’éviter que les salariés qui ont commencé à travailler tôt soient fortement pénalisés par la mise en place d’un âge pivot à partir de 2022, nous devrons trouver un cocktail de mesures afin que les efforts demandés soient mieux répartis et plus justes, explique le secrétaire national de la CFDT, Frédéric Sève. C’est pourquoi il est important de ne fermer aucune porte. » 

Un projet à faire évoluer 

Et si le geste d’ouverture du gouvernement laisse espérer que des discussions constructives puissent enfin avoir lieu en matière de financement du système, il ne répond pas à toutes les difficultés posées par le projet de loi. En matière de pénibilité notamment, les propositions du gouvernement sont encore loin des attentes de la CFDT. 

Le texte qui a été envoyé pour avis aux différentes caisses de la Sécurité sociale n’a en effet guère évolué par rapport aux discours du Premier ministre du 11 décembre dernier au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Deux modifications substantielles sont quand même à noter. La possibilité pour les veuves ou les veufs de toucher une pension de réversion à partir de 55 ans au lieu des 62 ans initialement prévus dans la réforme et l’acquisition de points supplémentaires pour les femmes nées à partir de 1975 ayant eu des enfants avant 2025 afin de compenser les trimestres « bonus » qu’elles auraient eu dans l’ancien système. 

La CFDT ne compte pas en rester là et espère que le débat parlementaire permettra d’autres avancées. « Nous pensons que la création d’un système universel est un moyen de renforcer nos retraites, de rendre le système plus solidaire et plus juste, insiste Frédéric Sève. Nous allons donc poursuivre les discussions en gardant ce cap dont nous n’avons jamais dévié, même si la crise actuelle rend la concertation compliquée, tant les positions des acteurs ont tendance à se figer. » 

La complexité du dossier renforce également ce sentiment de cacophonie ambiante. Difficile de mener en même temps des discussions sur l’équilibre financier à court terme du système de retraite, sur la période de transition qui va faire converger les 42 régimes actuels dans un système unique et sur l’architecture finale du système universel. D’ailleurs, de nombreux sujets de friction, notamment les modalités de transition de chacun des régimes, ne sont pas dans le projet de loi. Ils feront l’objet d’ordonnances une fois que les négociations sectorielles auront eu lieu. Et la ratification de l’ensemble des ordonnances par les parlementaires n’est prévue qu’en 2022. Le boulot syndical ne fait que commencer. 

 

FO refuse d’être dupe :

La confédération FO a pris connaissance de la lettre adressée par le premier Ministre aux interlocuteurs sociaux relatif aux retraites et à la question de l’âge pivot et a réagi publiquement immédiatement par la voix de son secrétaire général. 

Pour FO ce courrier, à nouveau, confirme ses analyses. L’âge d’équilibre est intrinsèque au projet de régime unique par points. 

En effet, le premier Ministre confirme bien que « le projet de loi prévoira que le futur système universel comporte un âge d’équilibre » à 64 ans à partir de 2027. 

Ce que le premier Ministre annonce retirer est l’accélération de sa mise en œuvre, qu’il avait annoncée récemment, dès 2022 avec une montée progressive pour atteindre 64 ans en 2027. 

Cependant, le premier Ministre assortit ce retrait temporaire de l’injonction à ce que les partenaires sociaux se mettent d’accord dans le cadre d’une conférence de l’équilibre et du financement sur une solution. Il exclut cependant que cette solution entraîne une « hausse du coût du travail » autrement dit il exclut l’hypothèse d’une hausse des cotisations de 1% telle que suggérée par le Conseil d’orientation des retraites. 

Il est d’ailleurs notable que le Medef se félicite de l’annonce du premier Ministre en soulignant cet aspect et en indiquant que la négociation à venir va donc porter, selon lui, sur des mesures d’âge. 

FO note au demeurant que la conférence sur l’équilibre et le financement se tiendra sous tutelle du gouvernement et de la Cour des Comptes. On assiste de fait à ce que FO dénonce depuis longtemps avec ce projet de régime unique par points : l’État, donc les gouvernements en dernier ressort, décideront, en l’occurrence par ordonnances. Le premier Ministre est à cet égard clair : « je prendrai mes responsabilités » en l’absence d’accord. On assiste au même scénario qu’avec l’assurance chômage l’année dernière. 

FO a très clairement appelé les acteurs récents de l’âge pivot à être cohérent. Puisqu’ils semblent se féliciter du retrait temporaire, qu’à tout le moins ils dénoncent immédiatement l’accord qu’ils ont signé à l’Agirc-Arrco en 2015 qui avait instauré un âge pivot pour les retraites complémentaires, accord que FO a refusé de signer et de cautionner. 

Dans ces conditions FO maintient sa pleine détermination contre le projet de régime unique par points du gouvernement et son engagement dans la mobilisation lancée par l’appel à la grève le 5 décembre. 

 

L’intersyndicale opposée à la réforme se donne rendez-vous les 15 et 16 janvier :

Les 9, 10 et 11 janvier les mobilisations auront été d’une grande force. Ce samedi 11 janvier elles ont pris de l’ampleur avec un caractère interprofessionnel et transgénérationnel marqué. Ces journées marquent une étape importante dans la mobilisation par la grève lancée depuis le 5 décembre. Cela montre la détermination et le refus de ce projet absurde de régime unique de retraites par points par une majorité de la population, malgré toutes les tentatives et manipulations du gouvernement… 

Les 9, 10 et 11 janvier les mobilisations auront été d’une grande force

Ce samedi 11 janvier elles ont pris de l’ampleur avec un caractère interprofessionnel et transgénérationnel marqué. Ces journées marquent une étape importante dans la mobilisation par la grève lancée depuis le 5 décembre. 

Cela montre la détermination et le refus de ce projet absurde de régime unique de retraites par points par une majorité de la population, malgré toutes les tentatives et manipulations du gouvernement.Suite aux annonces d’aujourd’hui, non seulement l’âge pivot n’est pas retiré mais en plus le Premier ministre confirme sa détermination à reculer l’âge de départ à la retraite en refusant toute augmentation de cotisation sociale. 

Les organisations syndicales CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, MNL exigent le maintien du système de retraite existant par répartition solidaire et intergénérationnelle et par annuité. Elles portent en commun des propositions pour améliorer les droits de toutes et de tous. Pour ce faire, il faut augmenter les financements assis sur les cotisations sociales et les richesses produites par le travail. 

Contrairement aux affirmations du gouvernement, les femmes ne sont pas gagnantes ! Concernant les carrières heurtées, ce projet qui prendra en compte toute la carrière, aura pour conséquence d’augmenter les écarts de pension déjà grands entre les femmes et les hommes. 

C’est pourquoi nos organisations appellent à continuer et amplifier encore la mobilisation par la grève et les manifestations dès la semaine prochaine pour obtenir le retrait de ce projet et l’ouverture de véritables négociations sur l’emploi, les salaires, la fin de la précarité notamment étudiante, les cotisations et l’amélioration du droit à la retraite dans le cadre du système et des régimes existants.Les organisations syndicales CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, MNL, UNEF et UNL appellent l’ensemble du monde du travail et la jeunesse à poursuivre et renforcer la grève y compris reconductible là où les salarié-es le décident. 

Elles appellent à organiser des actions de grève, de convergences interprofessionnelles sur tout le territoire, en rejoignant massivement par la grève le mouvement le 14 janvier. 

Elles appellent à poursuivre les actions et la mobilisation le 15 et à faire du 16 une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grèves et de manifestations. 

Elles décident de se revoir en intersyndicale dès le mercredi 15 janvier 2020 au soir. 

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