Hier en début de matinée, Marlylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a accordé à RTL une interview qui a été quelque peu occultée par la longue intervention, survenue un peu plus tard, du Premier ministre François Bayrou sur BFM-TV.

Au cours de sa prise de position, la dirigeante de la confédération modérée est apparue en proie au doute quant aux perspectives de la négociation paritaire en cours sur les retraites et de celle, annoncée, sur le financement de la protection sociale.
L’importance d’un “bougé” sur l’âge
Dans un premier temps, Marylise Léon a réaffirmé les grandes revendications de la CFDT dans le cadre de la négociation sur les retraites. Outre l’amélioration du sort réservé aux femmes et une réévaluation de la prise en compte de la pénibilité, elle a rappelé que son organisation entend obtenir un “bougé” sur la question de l’âge de la retraite. Pour la CFDT, ces revendications sont destinées à répondre à des problèmes très “concrets” – ce terme a été répété à maintes reprises – qui vont miner la vie des travailleurs devant attendre l’âge de 64 ans pour prendre leur retraite. La patronne de la CFDT a cité les cas de certains secteurs d’activité, comme le bâtiment, les services à la personne ou encore la santé, dont les salariés âgés, “cassés” par le travail, ne pourront pas demeurer en poste jusqu’au nouvel âge légal de la retraite. D’après la secrétaire générale de la CFDT, il est possible d’améliorer la dernière réforme tout en assurant le rééquilibrage comptable des régimes de retraite.
Le patronat “dans la posture”
A la suite de cette réaffirmation des revendications cédétistes en matière de retraite, Marylise Léon a reconnu que les discussions sur ces thèmes avec les représentants du patronat français n’avançaient guère. “On attend aussi d’avoir des propositions concrètes de la part des employeurs” a-t-elle en effet déclaré. Elle a ensuite déploré le fait que les négociateurs patronaux demeureraient dans une attitude de “posture” et non de négociation : ils sont “dans la posture et font assez peu de propositions concrètes”. Après avoir formulé ces jugements pour le moins mitigés sur l’orientation de la négociation paritaire sur les retraites, la dirigeante de la CFDT n’a pas vraiment réussi à se montrer pleinement rassurante quant à la suite des opérations. En effet, si elle a affirmé que le “théâtre” faisait partie des “négociations”, elle n’a pourtant pas semblé tout à fait certaine que l’affaire allait finir par prendre une tournure favorable : “j’espère [que la négociation] va bien se terminer, parce qu’on est sur des sujets importants” a-t-elle souhaité. Espérons-le, effectivement.
Le problème du financement de la capitalisation
Outre ces incertitudes concernant les chances de réussite de la réévaluation des règles de la retraite par répartition, Marylise Léon s’est exprimée au sujet de la retraite par capitalisation. Tout en mettant en garde vis-à-vis de l’idée qu’il existe des “recettes magiques” ou “solutions miracles”, elle a confirmé que la CFDT n’avait pas de “tabou” sur ce thème et qu’il méritait donc tout à fait de faire l’objet d’échanges paritaires. Malgré cette position d’ouverture, il n’est pas évident que les partenaires sociaux puissent aisément trouver un terrain d’entente sur ce thème. La CFDT attend en effet le patronat au tournant au sujet du financement d’un éventuel recours à la capitalisation : “J’attends toujours une réponse de la part du patronat qui m’explique qu’il ne faut pas de hausse de cotisation mais qui est prêt à mettre de la capitalisation”. Dans le cadre de la négociation sur les retraites, les sujets de désaccords paritaires semblent décidément, à trois seulement de la fin des discussions, bien plus nombreux que les espaces de compromis.
L’enjeu des retraites, un “préalable” au reste
Au risque d’accréditer l’idée que la négociation sur les retraites se trouve actuellement dans l’impasse, la patronne de la CFDT a lourdement insisté sur l’importance que revêt, de son point de vue, cette négociation sur les retraites. Elle a jugé que sa réussite constitue un “préalable” à toute discussion plus générale sur le financement de la protection sociale – discussion voulue, pour rappel, par le Président de la République et prévue pour avoir lieu dans le cadre d’une “conférence sociale” réunissant les partenaires sociaux. “La priorité, ce sont les retraites, c’est l’étape 1 pour la CFDT. Il y aura une étape 2 sur le financement de la protection sociale s’il y a une étape 1” a-t-elle déclaré, précisant ensuite : “C’est un préalable. On ne peut pas discuter de choses macro et budgétaires sans avoir au préalable discuté de situations concrètes”. En ayant ainsi fait part sa volonté de mettre la “pression” pour le succès de la négociation sur les retraites, la CFDT a, en tout cas, affiché ses doutes en la matière.