Les experts de la retraite complémentaire n’auront pas été surpris par le récit de la première séance de négociation au MEDEF.
Le MEDEF a exclu tout relèvement des cotisations
Conformément aux attentes, Claude Tendil, qui dirige la délégation patronale, a posé d’emblée une ligne rouge: pas de relèvement des cotisations pour financer le déficit. Cette position est de toute façon contrainte: le patronat ne peut guère “lacher” sur les charges au moment où le gouvernement se rend impopulaire en les réduisant de 50 milliards. On imagine quelle pourrait être la crédibilité d’une position différente du MEDEF. En revanche, Claude Tendil a déjà lâché que le refus du MEDEF n’était que provisoire.
Cette posture a théâtralement irrité les organisations syndicales qui considèrent que les employeurs doivent participer à l’effort. On pense en particulier à Eric Aubin, de la CGT, qui s’exprimait hier dans nos colonnes.
La négociation se jouera en particulier sur la détermination de FO à rejoindre cette revendication. Les pronostics vont bon train sur un relèvement symbolique de 0,1 point, qui permettrait à FO de signer l’accord plus confortablement. Il est toutefois plausible que le MEDEF propose une augmentation des cotisations en cas de retour à meilleure fortune, par exemple en liant un relèvement des cotisations au taux de croissance… L’imagination peut n’avoir aucune limite dans ce domaine, au point qu’elle pourrait même convaincre les plus récalcitrants de signer!
Les organisations syndicales ont pris position sur les décotes
Conformément aux attentes, le MEDEF a sorti sa proposition de décote dégressive jusqu’à 67 ans, qui doit ramener du cash aux régimes complémentaires. Les organisations syndicales ont commencé à prendre position sur le sujet. Il est d’ores et déjà acquis que plusieurs organisations syndicales pourraient se laisser tenter par ce mécanisme. Philippe Pihet, qui conduit la délégation FO, n’a pas exclu de soutenir cette idée.
Il est donc très probable qu’elle figurera sous cette forme dans l’accord. Reste à en négocier les modalités. Sur ce point, l’accent est déjà mis sur les sexagénaires au chômage: cette insistance laisse à penser que les syndicats de salariés prendront le temps de négocier des mesures spécifiques pour cette population. Pourquoi d’ailleurs ne pas imaginer un donnant-donnant entre un relèvement symbolique des cotisations pour financer les trimestres des chômeurs d’un côté, et une décote accrue pour les autres cotisants?
La fusion AGIRC-ARRCO a déjà deux opposants
Sans surprise (nos lecteurs auront aussi lu les propos d’Eric Aubin), la CGT et la CGC se sont opposés à la fusion de l’AGIRC et de l’ARRCO. Cette position déclarée d’emblée oblige Claude Tendil à traiter avec FO, qui sera l’arbitre d’un accord auquel la CFDT et la CFTC sont a priori ralliés.
Les poires pour la soif de négociation
Les partenaires ont décidé d’ajouter quelques sujets pour se donner des marges dans la négociation et ne pas travailler en huis clos autour des trois sujets sérieux qui viennent d’être exposés. La question de l’égalité homme-femme, aussi présentée sous l’aspect de la rente du conjoint survivant (expression malheureuse, puisqu’il s’agit généralement de la conjointe survivante), sera mise au pot des discussions. Le MEDEF veut la réduire, les syndicats de salariés la préserver.
Plus personne ne se préoccupe des déclarations de Gattaz
Quelques heures avant l’ouverture des discussions, Pierre Gattaz s’est senti obligé d’évoquer le développement de la capitalisation pour les cadres. Cette déclaration n’a eu aucun effet, Claude Tendil ayant pris soin d’établir un cordon sanitaire autour du sujet.
Les négociations devraient se terminer en juin 2015.